Miche Pezet sans langue de bois
On ne peut pas dire de lui qu'il balance des communiqués dans tous les médias au moindre de ses faits et gestes. Ou même qu'il parle à tort et à travers. Mais quand il s'exprime, il n'a pas pour habitude d'y aller par quatre chemins et choisit ses mots pour faire mouche. Ainsi, il y a peu, le journal La Provence demandait à Michel Pezet de livrer ses impressions sur la vie politique aixoise. Ses réponses sont directes et sans ambages. En voici quelques-unes.
Au sujet de l'élection de juillet 2009 : "Je pense que les Aixois n'ont pas trouvé les deux candidats à leur goût : ni l'un ni l'autre… Je crois aussi que ce recours a agacé les gens. Cela ne donne pas une bonne image de la ville. Cela entretient un mauvais climat général. Bref, c'est un peu beaucoup. De plus, ça permet à la municipalité en place de dire qu'elle ne peut pas travailler…"
Concernant la gauche à Aix : "Le salut peut venir d'une alliance plus large. Aix a bien montré qu'elle avait une composante plus à droite qu'à gauche. Il faut donc une opposition ouverte, avec des vraies propositions pour redynamiser cette ville qui donne l'impression de tourner un peu à vide. Bref, il faut une opposition avec des compétences."
Sur l'alliance du PS avec le MoDem l'été dernier : "La liste de 2009 n'était pas crédible, dans le sens où elle rassemblait des gens qui, un an auparavant, se détestaient. Les gens n'y ont pas cru."
Sur l'idée de grande métropole Aix-Marseille : "Il faut voir ce que va faire le président avec les métropoles. Que les villes grandissent, c'est normal : c'est ce qui se passe ailleurs en Europe. Alors qu'il n'y a pas de villes capitales en France. Mais, en même temps, je suis contre la réforme territoriale telle qu'elle est imaginée, je suis contre la suppression des conseils généraux et régionaux. Une collaboration entre Aix et Marseille, c'est nécessaire. Les deux villes sont dans la même continuité. Nous ne sommes plus dans la concurrence, ce n'est pas Athènes contre Sparte. D'un point de vue de l'urbanisme, des transports, de la culture, les deux s'enchevêtrent. […] L'attitude de Maryse Joissains face à la métropole ? C'est son jeu. Son fonds de commerce."
"L'Etat prédateur"
Dans le magazine départemental Accents qui vient de paraître, Michel Pezet donne son point de vue sur la réforme des collectivités locales.
"Les collectivités constituent un immense enchevêtrement de pouvoirs émiettés qu'il faut à l'évidence réformer pour plus d'efficacité.
Malheureusement, et comme un peu trop souvent avec le gouvernement actuel, cette nécessité politique sert aujourd'hui de prétexte pour engager une réforme purement idéologique, inefficace et dangereuse. Son projet de réforme des collectivités territoriales porterait en effet un coup fatal à la décentralisation en organisant le retour en force de l'Etat dans la gestion des politiques et des finances locales.
Pour ne citer qu'une des mesures prévues, la suppression de la clause de compétence générale des départements et des régions retirerait à ces deux institutions la possibilité d'animer et de soutenir financièrement l'action des communes, des associations et des citoyens qui travaillent dans les secteurs du social, de la culture, du sport et du tourisme.
Avec ce projet, le gouvernement veut encore nous faire croire, en 2010, que l'on aide mieux les gens lorsqu'on est confortablement calé dans un fauteuil à 800 kilomètres de là où ils habitent. Les élus locaux, qu'ils soient de gauche ou de droite, sont des gens de terrain, présents dans vos quartiers, vos villes et vos villages. Avec leurs qualités et leurs défauts, ils sont ceux qui vous écoutent au quotidien, que vous pouvez interpeller au coin de la rue, qui sont le mieux à même d'apprécier les priorités, les aides à apporter, les politiques à développer.
La bataille qui s'engage au parlement sur ce projet va être dure mais l'espoir est encore permis tant il reçoit, de jour en jour, l'opposition de plus en plus d'élus de toutes tendances politiques.
En voulant mettre la main sur les collectivités locales et leurs finances, l'Etat agit aussi comme un ogre sans tête qui s'apprête à précipiter les ressources locales dans le trou sans fond des finances publiques nationales.
Ma conviction est d'abord que ce qu'il vous prendra, il ne vous le rendra pas. Ma conviction est aussi que la sagesse comme l'audace politique se trouvent aujourd'hui dans les institutions locales, proches des préoccupations. Une réforme est nécessaire, mais pas celle-là, et certainement pas au prix du sacrifice des politiques de proximité dont vous pouvez chaque jour éprouver les bénéfices."