Les réponses tordues de Maryse Joissains à l'Express
(Clic sur l'image pour agrandir)
La une de l'Express paru ce jeudi 29 mai 2008
J'ai attendu la parution effective du numéro "spécial Aix" de l'Express pour en avoir le cœur net. Et là, plus de doute. La une du magazine met en exergue les propos tenus par Maryse Joissains, extraits d'un entretien de deux pages dont le sujet porte sur les secrets des noms de rue.
Le dossier (24 pages) est par ailleurs remarquable car il a fait appel à notre ami aixois Jean-Claude Bouvier, universitaire et homme érudit. On y apprend beaucoup et je recommande à chacun de ne pas rater ce numéro.
Maryse Joissains livre son appréciation sur le sens de la dénomination des rues, un pouvoir qui relève toujours de décisions du conseil municipal. Cinq de ses réponses m'ont fait sursauter car elles manquent d'objectivité, font un amalgame avec des sentiments qui lui sont personnels et expriment des jugements très partiaux. Mes commentaires sont entre parenthèses.
EXPRESS : Vous avez laissé entendre que vous seriez disposée à dédier une voie à Jean-Paul II…
Maryse Joissains : Oui. Car il s'agit d'un homme qui fait l'unanimité et n'appartient pas aux seuls catholiques. (Qu'est-ce qui l'autorise à porter de tels jugements ? Du reste, je pense que Bertrand Delanoë a commis les mêmes erreurs en donnant le nom de ce pape à Paris où des protestations ont d'ailleurs eu lieu le jour de l'inauguration.)
EX : Certains choix religieux ont pourtant provoqué des contestations…
MJ : A deux reprises, en effet. Le 15 janvier 2007, nous avons baptisé (notez le verbe connoté et inapproprié) un rond-point du nom du père Pierre Aguesse. Des radicaux de gauche (il s'agit évidemment de votre serviteur) m'ont alors accusée d'entorse à la laïcité. C'est ridicule ! Il s'agissait simplement d'une personne très appréciée dans son quartier (je ne l'ai jamais nié, je l'ai bien connu). Etre laïque, ce n'est pas être antireligieux et c'est une radicale qui vous le dit (une radicale adhérente de l'Ump, portant en permanence une énorme croix bien visible sur sa poitrine ; comme sur la photo dans l'Express) ! Des réactions du même ordre s'étaient produites, en 2006, avec la rue Saint-Georges (encore moi !).
(A ce sujet, lire ci-dessous mon article sur "Maryse Joissains et la laïcité")
Joissains : "Une rue Bastien-Thiry ? Pourquoi pas ?"
EX : Y a-t-il des rues que vous voudriez débaptiser (le journaliste abuse du même mot) ?
MJ : Il y en a une, en effet, qui me pose problème (comprendre "j'aimerais bien régler des comptes"). Elle porte le nom d'un magistrat dont je tairai le nom (il s'agit du Procureur général Beljean, de la cour d'appel d'Aix, procureur de 1982 à 1987, au moment où Alain Joissains a été condamné en appel pour une affaire de détournement de fonds et radié du barreau des avocats), mais dont on dit plus de bien qu'il ne le mérite. Toutefois, je ne débaptiserai pas (une vraie manie ce mot) cette rue, car, apparemment, l'homme fait l'objet d'un consensus.
EX : Il était censé y avoir une place François-Mitterrand dans le quartier Sextius-Mirabeau, face au Pavillon noir. Elle figure d'ailleurs sur les plans. Mais on ne trouve aucune plaque sur le site.
MJ : L'ancien maire socialiste ne l'a pas inaugurée. Je ne vois pas pourquoi je le ferais, moi ! (et la continuité républicaine, ça veut dire quelque chose, non ?) Il est un peu tôt, à mes yeux, pour considérer que l'ancien président se situe au-dessus des clivages politiques (peut-elle citer un nom de président au-dessus des clivages politiques ?).
EX : Vous avez été saisie également d'une demande pour Bastien Thiry, cet officier pro-Algérie française qui avait tenté d'assassiner le général De Gaulle (Thiry fut condamné à mort et exécuté).
MJ : En effet. Ce dossier, sensible, est à l'étude depuis deux ans. Personnellement, je n'ai rien contre (ben voyons, il faut bien donner un gage aux électeurs de l'extrême droite qui ont appelé à voter pour elle au seccond tour de l'élection municipale !). Après tout, on ne peut pas lui reprocher d'avoir accompli de mauvaises actions (en effet, tirer sur un président de la République, ça ne compte pas !). Il a simplement agi conformément à ses convictions. On ne peut pas dire qu'il a été indigne dans son comportement (vouloir assassiner un président est sans doute un acte digne de respect qui mérite la Légion d'Honneur et le Prix Nobel de la Paix !).
Mon article du 18 janvier 2008 :
"Maryse Joissains et la laïcité : Des faits, rien que des faits"
http://castronovo.canalblog.com/archives/2008/01/18/index.html