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le Blog de Lucien-Alex@ndre CASTRONOVO
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  • Prof d'anglais retraité Sous-officier Armée de l'Air Président assos culture, éducation, social 1978-1989 Correspondant presse locale 1989-1995 Conseiller municipal liste Yves Kleniec 1983-1989 Adjoint liste Jean-François Picheral 1995-2001 Parti radical de gauche 1998-2008 Conseiller municipal liste Michel Pezet 2001-2009 Conseiller municipal liste Edouard Baldo 2014-2020 lucalexcas@aol.com
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8 octobre 2010

Amara dérape aussi : "Vous, c'est leader ou dealer ?"

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Fadela Amara a quelques mauvaises fréquentations. Son langage en atteste. Il y a quinze jours, accueillie à Aix par des habitants du quartier Beisson, au premier interlocuteur qui lui a courtoisement tendu la main, elle a répondu, faisant mine de plaisanter : "Ah ! Vous, c'est leader ou dealer ?" Drôle d'entrée en matière pour engager la conversation.
Cela rappelle de pitoyables paroles récentes : Brice Hortefeux prétextant parler des "Auvergnats", ce qui lui a valu d'être condamné mais de rester ministre ; Eric Besson voulant "fabriquer de bons Français", ce qui va bien à un homme ayant rejoint l'ennemi ; Christian Estrosi éructant "Français ou voyou, il faut choisir !", ce qui reviendrait à faire de la délinquance une nationalité.
Pas de doute, à force de côtoyer pareils personnages et leur si grossier chef, Fadela Amara emboîte à son tour le pas de la surenchère verbale. Et, qu'elle le veuille ou non, elle ne peut en aucun cas se faire passer pour une victime. Cette place, elle l'a sciemment acceptée.
Malgré cette apostrophe indigne qui aurait mérité un "et vous, c'est dupe et showbiz ?", l'interlocuteur de la secrétaire d'Etat est resté calme et respectueux, lui octroyant poliment des "Madame la ministre". Et a voulu exposer les problèmes que rencontre le quartier. Fadela Amara, qui prétend aller "sur le terrain" pour écouter les gens, a tôt fait de s'extraire d'un véritable échange.
Si elle savait qu'elle était à Aix, en revanche, elle ignorait le nom même du quartier où elle avait mis les pieds, l'un des deux seuls quartiers ANRU (programme de rénovation urbaine), dossier dont elle est censée avoir la charge.
Dans le reportage Complément d'enquête diffusé lundi par France2, Fadela Amara a déclaré : "A Matignon, autour de Fillon, vous avez des conseillers qui sont à l'Ouest, complètement à l'Ouest. Ils ne comprennent pas du tout la politique de la Ville. Cela ne leur parle pas. Ils ne savent pas ce qu'est le malaise de la banlieue, la souffrance sociale. C'est des mecs qui ont fait l'ENA, des types qui ne souffrent pas le quinze du mois." On dirait presque des critiques à la Martin Hirsch quand il balance sur la droite pour revenir à gauche.
Faut tourner la langue dans sa bouche avant de parler : Fadela Amara elle-même est venue au Nord de la ville d'Aix et ne sait pas où elle est. Et puis quelqu'un qui a vu une soixantaine de collaborateurs la quitter et qui s'est permis de loger des membres de sa famille dans son logement de fonction devrait en plus la boucler un peu.

Un vrai face à… farce
   
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Mais non, l'employée de Nicolas Sarkozy, le président qui confond banlieues et Fouquet's, a parlé, parlé et encore parlé. Fallait brasser de l'air avec mille déclarations déjà entendues partout. Aucun dossier aixois dans les mains, aucune réunion sérieuse de travail, aucune décision officielle annoncée. Et une visite, a-t-on appris, dont le programme a été préparé quasi unilatéralement par Sophie Joissains en personne.
On croyait jusqu'ici qu'un membre du gouvernement gérait son propre agenda et décidait de ses déplacements en fonction du suivi de ses actions. Ben, faut croire que non. La visite a vite tourné au face à farce, sans contenu, sans pertinence. Cela s'appelle un plan de communication. Quid des besoins des habitants, de l'état des lieux, de l'avancement ou du retard du projet ?
Certaines personnes présentes ont bien tenté de poser des questions. "Cela fait huit ans qu'on attend. On ne voit toujours rien venir." Et quand on rappelle à Fadela Amara que le plan banlieues date de l'époque où Jean-Louis Borloo était ministre de la ville, elle répond : "Moi, ça ne fait que trois ans". Ce qui n'est pas faux mais qui va réjouir "mon pote", comme elle le qualifie, qui s'est aussi tourné les pouces.
"Vous savez, c'est compliqué, c'est toujours long parce qu'il faut aller chercher les entreprises qui gagnent les marchés…" et bla bla bla. Faut dire que "le plan Marshall des banlieues" a tourné boudin avec un budget taillé à la hache. C'est le cas pour Aix où il a fallu présenter une nouvelle mouture à la baisse et dont la réalisation est pour l'instant annoncée pour 2014, une date toute en coïncidence. D'ailleurs, Fadela Amara était déjà venue à Aix en pleine campagne de l'élection municipale de juillet 2009.
Petite anecdote en passant : elle avait raté son train de départ pour se rendre à Nice. Il y a dix jours, elle est arrivée en retard pour cause de mouvement de grève des contrôleurs aériens. Elle a promis de revenir… si elle reste au gouvernement. Dans cette hypothèse, la période avant les élections présidentielle et législatives pourrait n'être là aussi qu'un pur hasard.
D'ici là, elle aura peut-être eu le temps d'apprendre et de se souvenir que Sophie Joissains n'est pas députée, comme elle s'est exclamée à la fin de la visite en la remerciant pour son dévouement, mais sénatrice. Il est vrai que lorsqu'on confond leader et dealer, on n'est plus à une crétinerie près, n'est-ce pas ? Pathétique.

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Voir l
'excellent reportage vidéo sur le site TV Anonymal :
(le passage "leader ou dealer" se situe à 3'50" du début, faire glisser le curseur)
http://www.anonymal.org/index.php?option=com_video&func=details&did=475&cid=9
Mon précédent article : "Fadela Amara à Aix : 99% com', 99% farce" :
http://castronovo.canalblog.com/archives/2010/09/21/19118976.html
Pour tous les détails sur le plan ANRU,
voir la rubrique "Corsy / Beisson", colonne à droite du blog.

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13 octobre 2010

Manifs retraites : Comment faire parler les chiffres

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(Clic sur toutes les images pour agrandir)

En général, rien que de se mettre à calculer le montant de sa retraite, ça donne déjà comme une idée de l'infini. Alors, tenter de compter les manifestants, il y a de quoi y disparaître. La seule différence, c'est que, dans le premier cas, les données se doivent d'être précises et incontestables. Dans le second, pas de chance, les chiffres sont si élastiques qu'ils auront bien du mal à éviter des interrogations. Les écarts de voix qui font annuler une élection passeraient presque pour une piètre plaisanterie.
Alors, hier, 3,5 millions ou 1,2 million ? Euh, c'est selon. Car les méthodes utilisées par les organisateurs sont tout aussi empiriques que celles de la police. Et en fin de compte, c'est ce que les uns et les autres feront dire aux chiffres qui importe. Et parfois jusqu'à la caricature et au ridicule.
Le fait est que les modes de calcul ne sont pas aussi fiables que tous le prétendent. Si les règles obéissaient à une application scientifique, les écarts ne joueraient pas du yoyo d'une ville à l'autre.
D'ailleurs, certains policiers admettent maintenant de plus en plus ouvertement que les chiffres de terrain qu'ils transmettent aux préfectures ne sont pas similaires à ceux que ces dernières communiquent.
Autrement dit, le gouvernement, et depuis peu l'Elysée qui ne rate jamais une occasion de faire du zèle, minimise volontairement les résultats des comptages.
Et peu importe si les estimations varient ensuite selon les lieux des manifestations de 1 à 2 jusqu'à de 1 à 10 avec celles des organisateurs qui eux-mêmes ne font pas toujours dans la petite dentelle (ah, Marseille !). On se dit alors que la vérité est peut-être entre les deux.

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Pour essayer d'y voir plus clair, le site Slate.fr s'est interrogé sur le ratio chiffres syndicats / chiffres police sur les grandes manifestations des 10 dernières années (avec au moins 1 million de manifestants selon les syndicats). Puis, il a calculé le ratio pour chacune d'elles. Les résultats sont étonnants.
Cerise sur le tableau, on y constate que Nicolas Sarkozy a battu le record de Jacques Chirac qui avait atteint un ratio de 3,30 lors de celle du 3 juin 2003 contre le plan Fillon sur les retraites (455.000 selon la police, 1,5 million selon les syndicats). La mobilisation du 2 octobre atteint un ratio de 3,34, surpassant le précédent record de Sarkozy, un ratio de 3 à l'occasion de la manifestation du 23 septembre.

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Autre surprise, selon le site Owni.fr, à Paris, les chiffres montrent une réelle tendance à l’augmentation des mobilisations depuis 2007. En 2006, la préfecture a reçu 1.556 dossiers annonçant une manifestation, un chiffre en rapport avec la moyenne 1999-2005 (1.500 manifestations par an). L’augmentation est alors de 17% en 2007, 12% en 2008 et 51% en 2009 ! Soit une hausse cumulée de 100% sur trois ans ! Un vrai retour de bâton : maintenant, quand il y a des manifs, tout le monde devrait s'en apercevoir, non ?

Les méthodes de calcul des syndicats et de la policemanif_7
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Un site intéressant à découvrir :
http://owni.fr/2010/10/11/retraites-le-dossier-integral-downi/

13 septembre 2010

Assogora : Ne pas désespérer de la nature humaine

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(Clic l'image pour agrandir) (Photo perso LAC)
Assogora 2010 a fait le plein sur le cours Mirabeau avec 450 associations

Beau temps et jour de fête hier sur le cours Mirabeau. Comme chaque deuxième dimanche de septembre, les associations du Pays d'Aix ont fait la démonstration de leur force et de leur engagement pour une vie citoyenne la moins marchande et la plus solidaire possibles. Entre 20.000 et 30.000 personnes ont parcouru le cours, s'arrêtant aux stands des bénévoles ou devisant avec les amis retrouvés en cette rentrée.
Comme chaque année, j'ai aussi rejoint cet événement qui me tient à cœur et qui porte depuis maintenant près de vingt ans le nom d'Assogora que j'ai inventé lorsque a été créé Aix-Associa tions devenu Pays d'Aix-Associations.
Ce dimanche m'a une fois de plus donné l'heureuse occasion de discuter avec des responsables associatifs, de découvrir leurs nouveautés, de constater leur modestie et de sonder leurs joies ou leurs attentes.
L'ambiance était festive et musicale avec des animations produites par les participants eux-mêmes. Comme un démenti cinglant à la politique haineuse gouvernementale, les cultures du monde entier se côtoyaient dans une sorte de fraternité sans frontières. En quelque sorte, une belle nique faite au rejet de l'autre et aux arrogances du fric raflé sans honte.
La vie associative demeure un exemple pour ne pas désespérer tout à fait de la nature humaine.
Pour conclure, mais sans rapport direct avec hier, j'ai été étonné de l'annulation très récente de la Foire du Pays d'Aix de Venelles qui devait se tenir ce weekend. Alors que les préparatifs étaient quasiment bouclés, la décision a été annoncée abruptement aux participants. La raison avancée est la disparition du gérant de la société organisatrice. Comment se peut-il qu'un événement de cette importance ne repose que sur les épaules d'une seule personne ? Par ailleurs, comment a-t-on pu agréer quasi aveuglément ladite société sans même s'assurer de sa viabilité financière pour l'année en cours ? Je trouve cela assez foireux.

19 novembre 2010

Loi sur les collectivités : Discorde entre les Joissains…

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Le remaniement gouvernemental a quasiment occulté le vote sur la réforme des collectivités territoriales. Pourtant, si cette loi devait s'appliquer en 2014, les conséquences en seraient graves. Les modifications introduites dans la gestion des collectivités poseront plus de problèmes que de solutions.
Outre le regroupement des conseils régionaux et généraux en une seule structure, le mode de scrutin uninominal généralisé au lieu des scrutins de liste et la redéfinition des compétences vont avoir du mal à s'imposer. On risque également d'y voir encore moins clair sur la fiscalité et les ressources budgétaires émanant notamment de l'Etat.
La nouvelle loi a aussi fortement rabougri les pouvoirs des maires qui ne pourront plus décider souverainement en termes d'occupation des sols, cette compétence devant s'exercer au niveau supérieur de la métropole ou de l'intercommunalité. Bref, on s'achemine vers un imbroglio sans nom.
A ce sujet, la sénatrice Sophie Joissains, qui avait défendu ce point de vue lors de la seconde lecture du projet de loi au Sénat, avait proposé un amendement pour conserver les prérogatives du maire. Sa proposition avait été adoptée. Or, lors de la seconde lecture à l'Assemblée nationale, les députés se sont assis dessus. Le 16 novembre, après l'élaboration de texte final en commission mixte paritaire, l'amendement avait bien sûr disparu. Etonnamment, Sophie Joissains a maintenu son vote pour.
En revanche, depuis le début, la députée Maryse Joissains s'est opposée à cet aspect concernant la maîtrise des sols et a logiquement voté contre, y compris le 17 novembre au moment de l'examen final du projet de loi. L'une comme l'autre sont intervenues au cours des débats dont on trouvera des extraits ci-dessous qui méritent d'être lus.
Pour terminer, il faut signaler que le député Christian Kert a voté pour et que le député Richard Mallié a carrément séché la séance.
A signaler dans la réforme un autre élément qui va probablement en mécontenter quelques-uns et aviver les petits crimes entre amis : la réduction draconienne du nombre de vice-présidents dans les structures intercommunales. Ça promet de belles empoignades picrocholines.
(La mise en ligne de ce billet a été retardée à cause d'un incident technique qui a affecté la plateforme Canalblog.)

(Clic sur chaque image pour agrandir)
Pour un meilleur confort de lecture, les textes sont en plusieurs parties.

Les interventions de Sophie Joissains
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Les interventions de Maryse Joissains
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Mes précédents articles sur le même sujet :
(du plus récent au plus ancien)
"Collectivités : Les pirouettes de Sophie Joissains" :
http://castronovo.canalblog.com/archives/2010/07/09/18537718.html
"Collectivités locales : Le jeu de loi des deux Joissains" :
http://castronovo.canalblog.com/archives/2010/06/11/18234082.html
"Loi sur les collectivités : Joissains contre, Kert pour !" :
http://castronovo.canalblog.com/archives/2010/06/09/18200412.html

8 novembre 2010

"Le Ravi" de novembre s'encanaille aussi… à Paris

une_ravi_79Surprise ce mois-ci. Le Ravi s'est encanaillé en allant faire un tour à Paris. Bonne pioche car nous découvrons les coulisses du pouvoir à l'Elysée, à Matignon, à l'Assemblée nationale et au Sénat. En cette période de tumulte social, les journalistes se sont aussi mêlés à la rue en colère, puis ont rendu visite au Canard enchaîné et à Charlie hebdo.
Il ne faut donc pas rater ce numéro de novembre, pas plus que les autres d'ailleurs (2,80€).
Qu'on se rassure, la région n'est pas oubliée pour autant avec notamment le débat sur Marseille 2013 (voir article ci-dessus).
Et bien sûr, toujours la touche satirique en bons mots, en dessins et en bref.
(Clic sur l'image pour agrandir)

Le sommaire du n° 79 :
http://www.leravi.org/spip.php?article1056
Le site du Ravi :
http://www.leravi.org/

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9 novembre 2010

Mon clin d'œil donnant-donnant à La Provence

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La Provence d'hier cite mon blog dans sa rubrique "confidentiel" en page d'Aix et reprend, non sans une touche d'humour, quelques extraits d'un de mes articles sur le projet Campus.
J'avoue que cela ne me laisse pas indifférent même si, à vrai dire, il me semble que ce n'est pas tout à fait de l'ordre du "confidentiel".
Comme on peut le voir dans les graphiques ci-dessous, malgré mes moyens plutôt artisanaux, mon blog se situe en positions disons honorables parmi les classements nationaux mensuels établis par Wikio qui mesure les audiences générales et par catégories.
En forme d'échange de bons procédés, j'en profite donc pour adresser à mon tour ce petit clin d'œil à notre quotidien régional préféré. Et remercier "mes confrères" locaux en relayant ici leur gracieux billet à mon égard. Certains nomment cela le donnant-donnant, gagnant-gagnant.

L'article concerné :
"Un plan campus à donner envie de refaire ses études"
http://castronovo.canalblog.com/archives/2010/10/29/19458550.html 

  Les classements de novembre sur Wikio 
(la parution est faite en début de chaque mois pour l'activité du mois précédent)
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13 décembre 2010

Selon Maryse Joissains, Aix est "la cité du bonheur"…

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Je ne sais si vous avez l'occasion de vous intéresser au magazine municipal. Et donc, de le feuilleter. Personnellement, ma curiosité m'amène à le faire à chaque parution. Mais je prends la précaution de m'asseoir, pour amortir les chocs.
Je commence toujours par l'édito de Maryse Joissains, une véritable féerie. Ce mois-ci, son titre n'est rien moins que : "La cité du bonheur".
Ensuite, je saute directement à la fin pour découvrir les tribunes politiques de la majorité et de l'opposition. Et l'on y voit systématiquement, même si c'est de bonne guerre, la première dégommer les propos de la seconde qui est contrainte de livrer ses textes bien plus longtemps à l'avance. Quoi qu'il en soit, à part le côté duel convenu, on n'y apprend pas grand-chose, pas plus en tout cas que ce que la presse a déjà raconté dans le feu de l'actualité.
Puis, je passe aux pages "quartiers". Et là, c'est quasiment la consternation. En dehors des classiques événements humanitaires, le reste relève de l'anecdote.
M'armant de courage, je retourne vers le début pour essayer d'en savoir plus sur l'avenir radieux, que dis-je, mirifique, que nous prépare la municipalité. C'est d'ailleurs annoncé en une du magazine : "un sondage explicite" (sic) a établi que "92% des Aixois sont satisfaits de vivre à Aix".
Les détails sont fournis en page 10. Entre 98 et 61% des personnes sondées (par les yeux, le nez, les oreilles) perçoivent, "spontanément" nous dit-on, Aix comme une ville touristique, de patrimoine, universitaire, agréable à vivre, animée, avec une identité forte, un cadre de vie exceptionnel et ont confiance en leur ville.
On aurait pu améliorer les résultats jusqu'à 150% en posant par exemple la question "que pensez-vous du soleil ?" mais l'on n'a pas osé en rajouter sans doute par scrupule d'enfoncer aussi l'ultime porte ouverte de nos mérites séculaires indépendants de notre pouvoir. Oh, à part ça, il y a bien encore quelques vétilles, mais, figurez-vous, ce ne sont que de mineures préoccupations de vie quotidienne.

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(Clic sur l'image pour agrandir)

Si tous les chiffres, issus d'une enquête téléphonique effectuée par un institut de sondage dans le cadre de la préparation du Plan local d'urbanisme, sont reproduits avec une apparence de grande transparence, on incite incidemment le lecteur à comprendre que, malgré quelques faiblesses, la municipalité y est bien sûr pour quelque chose dans les mérites attribués à notre ville.
Car, que veut dire cette fin de phrase : "pour 47% des Aixois, le cadre de vie s'est amélioré ces dernières années" ? Est-ce seulement entre 2001 et maintenant, ou, plus honnêtement, depuis au moins vingt ans ?

Quelques sujets d'interrogation parmi d'autres

à La loi SRU qui institue le Plan local d'urbanisme date de décembre 2000. Après dix ans de mandat, Maryse Joissains lance la démarche pour Aix qui ne devrait aboutir dans le meilleur des cas qu'en 2012.
à Le siège de la nouvelle université unique sera finalement à Marseille aux dépens d'Aix. Maryse Joissains s'insurge contre ce qu'elle perçoit comme un coup de force. On voudrait bien partager sa colère mais que n'a-t-elle agi avant pour s'occuper sérieusement des universités aixoises et les défendre ? Cela fait des années que la pénurie criante de logements fait fuir les étudiants vers Marseille pour s'y loger moins cher et y rester pour étudier. Le plan Campus, arrivant trop tard pour refaire le chemin qui n'a pas été fait, ne peut maintenant à lui seul servir d'argument d'appoint contre le vote déjà entériné de délocaliser le siège. 
à Dans le même ordre d'idée, il n'est peut-être pas inutile de rappeler aussi la gestion catastrophique de l'OPAC Pays d'Aix habitat et l'absence caractérisée de volonté de construire des logements sociaux accessibles aux milliers de familles peu fortunées.
à La réhabilitation des quartiers Corsy et Beisson a pris également beaucoup de retard à cause des réductions de crédit du gouvernement que Maryse Joissains soutient. Si le projet présenté récemment a maintenant le mérite d'exister, il n'est pas assez ambitieux et ne semble pas encore avoir convaincu pleinement les habitants.
à Quant à la mise en vente de l'Hôtel de Caumont, bien de la Ville depuis 1964, classé monument historique depuis 1990, siège du Conservatoire de musique, elle a été opérée comme une affaire commerciale. Ce n'est pas la première fois que la municipalité écoule le patrimoine immobilier public aixois pour le confier au privé. Oui, bon, on a prévu d'y installer des activités culturelles mais avec tout le bazar de services et de produits purement commerciaux. On a vanté la qualité de la société acquéreuse, notamment pour son expérience en la matière. Sauf que, pour l'instant, toutes les structures dont elle s'est assuré la gestion sont la propriété d'institutions publiques et de collectivités territoriales. Aix est donc une exception. Quelles garanties a-t-on qu'il ne soit pas un jour revendu, vu que Culturespaces est une filiale de GDF Suez ? L'Hôtel de Caumont méritait une gestion maîtrisée par la Ville qui aurait pu opter pour une délégation de service public.  

14 décembre 2010

L'affaire Guérini, une bombe à fragmentation ?

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Dessin de Cabu
dans Le Canard enchaîné du 8 décembre 2010

Après de longs mois d'enquête, c'est un missile à frappe chirurgicale qui a fini, il y a douze jours, par atteindre une cible de choix en la personne d'Alexandre Guérini mis en examen et aussitôt envoyé en prison. Hier après-midi, la justice n'a pas été plus tendre avec lui en confirmant sa détention provisoire.
Et voilà que, à peine quelques heures plus tard, sans crier gare, le missile semble s'être soudainement mué en bombe à fragmentation, en tout cas si l'on en juge par les divers éclats qui commencent à se propager.
En effet, dans un nouvel épisode de conséquence, on apprenait qu'Eugène Caselli, président de la communauté urbaine de Marseille, venait de limoger sur le champ son directeur de cabinet depuis deux ans, Frank Dumontel. Celui-là même qui, vendredi matin encore, était confortablement installé à sa droite à la tribune de la séance du conseil communautaire de Marseille.
A l'évidence, la présente disgrâce de Frank Dumontel, par ailleurs mis en examen dans l'affaire des subventions du conseil régional alors qu'il était le directeur de cabinet de Michel Vauzelle, semble directement découler des documents publiés la veille par Le Journal du dimanche.
Cela a paru étonner tout le monde, y compris l'intéressé qui s'est exprimé par voie de communiqué de presse (lisible sur le site Marsactu). Pourtant, certains avaient évoqué des surprises en forme de rebondissements. D'où le faux calme préconisé entre les deux camps droite et gauche, sans doute le signe que d'autres digues pourraient rompre avant peu. Et qu'il vaut mieux se tenir coi en entassant des sacs de sable pour tenter de se mettre à l'abri d'un possible gros paquet de vagues dans le portrait. (Voir aussi plus bas mon second billet du jour sur le même thème.) 

Des articles très intéressants :
Le JDD du 12 décembre 2010 :
http://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Actualite/Proglio-Guerini-Si-je-peux-vous-etre-de-quelque-utilite-que-ce-soit-242251/
http://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Actualite/Ce-que-Guerini-a-dit-aux-gendarmes-241687/?sitemapnews
Le site Marsactu :
http://www.marsactu.fr/2010/12/13/suite-aux-revelations-du-jdd-caselli-debarque-franck-dumontel-son-directeur-de-cabinet/
Le site de Bakchich :
http://www.bakchich.info/Tempete-a-la-communaute-urbaine-de,12654.html

Un autre article de Bakchich Hebdo :
(Clic sur l'image pour agrandir)
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26 novembre 2010

Les arrière-cuisines qui font les mauvais appétits

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En regardant hier soir l'émission Envoyé spécial, j'ai pensé à ce qu'on nous servait aussi dans certains restaurants aixois. Car on ne voit pas pourquoi Aix échapperait au phénomène. Le reportage m'a estomaqué. Et c'est bien le mot. Certes, ce n'est pas la première fois que le sujet est traité, autre mot juste.
Mais là, la proportion d'établissements qui usent de subterfuges de laboratoire pour tromper la clientèle semble occuper désormais tout l'espace. Au point, nous dit-on, qu'il a fallu créer un label de maître cuisinier pour essayer de garantir une qualité se voulant irréprochable. A l'heure actuelle, sur 80.000 restaurants, à peine un millier l'ont demandé et obtenu. Aïe, aïe, aïe !
J'avais bien quelques gros soupçons sur certaines enseignes, que j'ai toujours évitées. Et je ne parle pas que des lieux de restauration rapide ou des divers commerces qui écoulent sans honte du surgelé et du congelé et qu'ont hélas aussi rejoints de nombreuses boulangeries qui ne méritent plus leur nom depuis mauvaise lurette. Ah, leurs horribles produits industriels, ces pains mous et sans goût et ces croissants en caoutchouc et sans miettes !
Mais, ceci posé, comment être sûr à 100% de ce qui nous attend quand on entre dans un restaurant ? Surtout s'il a toutes les apparences de l'attrait qu'un affichage de prix moins ordinaires semble valider pour décourager tout sentiment d'arnaque sur la marchandise.
Hier, on nous a montré un espèce de dessert au chocolat qui s'est révélé n'être que le résultat d'une composition totalement chimique. Beurk ! Si on ose user de telles pratiques, il y a de grands risques que le reste ne soit net non plus. La preuve, des restaurants n'hésitent même plus à fourguer les "recettes" des grandes surfaces avec des plats conditionnés qui dilatent leur butin commercial et qui ruinent les estomacs. Des plats en forme de magma indigeste camouflés sous les promesses affriolantes et vertueuses des étiquettes.
Allez, que cela ne vous gâche pas trop l'appétit !

(Clic sur l'image pour agrandir)
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26 novembre 2010

La Provence renvoie Christian Kert à ses aigreurs

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(Clic sur l'image pour agrandir)

Mercredi, j'ai parlé du billet du blog de Christian Kert qui règle sèchement son compte à Bruno Genzana qui s'est mis en tête de lui piquer sa place.
Alors, hier, ça n'a pas loupé. La Provence a renvoyé à ses aigreurs le député qui s'est aussi hasardé à cingler la presse locale en l'accusant de parti pris.
Voilà, maintenant, on attend la suite de la part du "pauvre Bruno" si cordialement fracassé par son ex-collègue. Car, disons-le net, il ne serait point héroïque de se dérober à pareilles estocades.

15 novembre 2010

Sarkozy rétrécit encore un peu plus à chaque ravage

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Un exploit. Six mois pour un remaniement qui ne nécessitait finalement que cinq minutes. Mais bon. Le dénouement de la pièce étant connu d'avance, le personnage de l'Elysée a voulu faire croire à un suspense censé annoncer du changement.
Dimanche soir, Nicolas Sarkozy s'est encore livré à un spectacle de série Z façon comique de répétition. Comme disait l'autre, c'est même à ça qu'on le reconnaît. Au final, il ressort un peu plus rétréci de ce lavage de cerveau.
Résultat de cette bunkérisation : un bon concentré droitier, un retour des vieilles lunes du RPR, une compression des autres composantes politiques, une éjection des faux-nez et la fermeture d'une pseudo ouverture…
L'entrée d'Alain Juppé va rappeler les heureux souvenirs de 1995. La sortie de Jean-Louis Borloo met fin à une imposture sociale. On évince un Eric Woerth qui avait "le soutien total du président" et dont on disait qu'il ne posait pourtant aucun problème et on garde un Brice Hortefeux malgré sa condamnation en justice.
Pour le reste, alors que certains sont promus ou permutés avec retouche des intitulés des ministères, d'autres font du surplace. Quelques faux nouveaux décrochent la timbale et une quinzaine de têtes sont carrément virées. Et tiens, on échange un Christian Estrosi et un duo issu d'un ex-mouvement d'extrême droite, Patrick Devedjian et Hervé Novelli, contre un Thierry Mariani qui a lui aussi tout pour incarner la droite extrême.
Et puis, il y a la surprise qui réjouit et va enhardir tous les humoristes en vogue, le désopilant Frédéric Lefebvre, fin aboyeur attitré des faits et actes du sarkozisme, qui réussit son entrée grâce à ses sorties si l'on peut dire.
Voilà à quoi on peut s'en tenir pour les artistes appelés à jouer la comédie du pouvoir ou pour aller voir ailleurs si Sarkozy n'y serait pas. Pas sûr donc que les citoyens se contentent ou s'intéressent à ces changements de personnes une fois la nouvelle diffusée. Car, hier, rien n'a laissé entrevoir une quelconque perspective politique de renouveau pour la vie quotidienne des Français.
Le président étant toujours le même, le premier ministre s'étant en quelque sorte auto-reconduit, il est plus que probable que l'état de catastrophe politique va perdurer. Du coup, ayant opté pour un équipage à visées purement électoralistes et s'obstinant dans le pourquoi-modifier-une-politique-qui-mécontente, Sarkozy est en train de réussir dans ce qu'il sait le mieux faire, rétrécir un peu plus à chacun de ses ravages. Vivement 2012 pour que les électeurs puissent enfin à leur tour faire la grande lessive et tout éponger.

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P.S. (en forme de... RPR) :
1.
La pièce de dimanche sera rejouée par son auteur en one-man show dans la semaine sur toutes les télés.
2. Contrairement à Thierry Mariani, Maryse Joissains, qui fait pourtant partie du même Collectif de la droite populaire, n'a pas été appelée au gouvernement pour cause d'opposition au projet de réforme des collectivités territoriales. Malgré son soutien à Nicolas Sarkozy et son appartenance à l'UMP pour raison désintéressée d'investiture, on devine ses deux autres déceptions : la dégringolade de son copain radical Jean-Louis Borloo et l'exclusion de sa copine Fadela Amara… qu'elle ne reverra pas à Aix.
3. Pour finir, retenons aussi une larmette pour le départ d'Hervé Morin et la peine qui doit certainement affecter le dénommé Bruno Genzana récemment reconverti et adoubé par le président du Nouveau centre (la droite avec un faux-nez). 

14 janvier 2011

Le Ravi de plâtre attribué à Maryse Joissains

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Tout le monde connaît cette récompense annuelle qui distingue des maires et qu'on nomme les "Marianne d'or". Un peu comme la Légion d'honneur, il faut savoir qu'on ne décerne pas forcément cette distinction pour de vrais mérites mais par appuis bien compris.
Il existe aussi une autre façon, plus désopilante celle-là, d'honorer de valeureuses personnalités médiatiques. Par exemple, le fameux attentat pâtissier, entartage primesautier à souhait et parfois répété de leur portrait en présence de caméras pressenties pour immortaliser la surprise d'un copieux lancer de crème fouettée.
Dans un autre registre, guère institutionnel mais surtout moins tâchant, une idée a germé dans l'esprit de l'équipe du journal le Ravi : attribuer mensuellement un trophée à une personne s'étant fait remarquer par son inimitable singularité. Là, pas de contestation possible, les critères de sélection sont sérieux et tous les motifs retenus sont avérés.
En ce mois de janvier tout neuf tout beau, honneur est donc rendu pour la seconde fois à Maryse Joissains ! 

14 décembre 2010

Affaire Guérini : C'est l'histoire du fil et de la pelote

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Dans sa livraison de mercredi dernier, Le Canard enchaîné a publié une demi-page sur l'affaire Alexandre Guérini. Sous l'article principal intitulé "Le clan Guérini mis à nu", l'hebdomadaire nous gratifie également de deux encadrés sur d'autres faces cachées du dossier. Morale de l'histoire, si l'on peut dire, quand on tire le premier fil, le risque est grand de voir débouler toute la pelote. C'est à lire…

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26 janvier 2011

Comment Alexandre Guérini faisait la loi…

logo_mediapart_entierAi-je besoin de faire observer que les informations les plus importantes et les plus détaillées sur l'affaire Alexandre Guérini sont plutôt diffusées par des médias sans publicité tels que Bakchich, Mediapart, Le Canard enchaîné, Le Ravi, pour ne citer que les plus connus.
Seule exception, et pour cause puisqu'il s'agit du journal régional, La Provence a aussi publié des pages très complètes sur le dossier.
Ensuite, au niveau national, on trouve des journaux comme Le Journal du Dimanche et des magazines comme L'Express, Le Point et Le Nouvel Observateur qui ont consacré un ou deux bons articles sur la saga.
Lundi, j'ai mis en ligne l'édifiant article du Canard enchaîné de mercredi dernier. Aujourd'hui, c'est au tour de l'article intégral de Mediapart paru le 20 janvier.
J'engage les lecteurs du blog à le parcourir dans sa totalité. Les transcriptions des conversations téléphoniques entre Alexandre Guérini et ses contacts révèlent l'ampleur des magouilles qui gangrènent la vie publique. On voudrait croire à un scénario à la Audiard mais il ne s'agit pas ici de dialogues cinématographiques.
Pour ceux parmi mes amis qui pourraient s'étonner de ma propension à relayer tous ces dévoiements touchant la gauche, je précise que, surtout parce que c'est mon camp, je ne saurais taire mon dégoût et ma colère pas plus que lorsque je vois les combines de la droite. Je trouve tout cela inacceptable. Ouste, du balai !

(Clic sur chaque image pour agrandir)
(Pour un meilleur confort de lecture, j'ai découpé l'article en plusieurs parties)
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Et aussi sur Bakchich : "Marseille, l'enquête hoquette" :
http://www.bakchich.info/Marseille-l-enquete-hoquette,12832.html
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27 janvier 2011

Alexandre Guérini : HLM, site web, service incendie

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Quand il n'y en a plus, il y en a encore ! Rien qu'hier, nous avons été très gâtés avec trois informations dans la même journée !
Un, Alexandre Guérini va devoir restituer son logement HLM indûment occupé.
Deux, il lance un site internet, News of Marseille, qui fait déjà beaucoup jaser. Mais c'est sans doute par besoin depuis sa cellule de nouer des contacts -virtuels- avec le monde extérieur.
Trois, Le Canard enchaîné raconte quelques joyeusetés sur le SDIS où, comme par hasard, apparaît aussi son nom.
Quand ça déborde, ça déborde ! Si ça continue comme ça, gros est à parier que le nombre d'épisodes de Plus belle la vie risque d'être vite concurrencé par celui de la saga Guérini.
Le mieux est de lire les articles qui rapportent ces informations avec force détails.

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Le site de Marsactu et l'article qui a révélé l'info :

http://www.marsactu.fr/2011/01/25/apres-les-poubelles-alexandre-guerini-investit-dans-linfo-sur-internet/

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L'article de Mediapart :
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L'article du Canard enchaîné :
(Clic sur l'image pour agrandir)
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31 janvier 2011

Joissains et Estrosi font dans l'opérette

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Comme à son habitude, Maryse Joissains voulait faire un coup politique pour qu'Aix soit dotée d'un appendice de décision universitaire. Elle en a fait un objet de chantage incongru en temporisant sur l'adhésion de la Communauté du Pays d'Aix et de la Ville à Marseille 2013, adhésion qui a finalement été entérinée.
Résultat : si notre ville a obtenu le siège du Pôle de recherche et d'enseignement supérieur (Pres), elle n'accueillera de fait qu'un outil technique et stratégique de l'université unique, un outil parmi tant d'autres. C'est toujours ça, dira-t-on, mais le compte n'y est pas.
A ce stade, nous n'en sommes qu'à un protocole d'accord consenti par les trois présidents d'université pour calmer le jeu. Le vrai siège administratif et décisionnel sera à Marseille.
Il y a peu aussi, Christian Estrosi a tenté un coup de force pour faire entrer la prise en compte de la liaison Nice-Vintimille dans les études de la LGV des métropoles. Si l'initiative est intéressante en soi, la manière utilisée par le maire de Nice a été cavalière.
Or, voilà que Maryse Joissains se prend à pourfendre "le comportement puéril" de son collègue, estimant que "ce chantage est indigne d'un ancien ministre" qui "manque de respect envers les élus et les représentants de l'Etat". "Il nous a joué la sérénade de rupture, avec ses airs de diva. Tout le monde est tombé des nues, nous nous sommes crus à l'opérette. Conditionner la réalisation du tronçon vers l'Italie à la participation de Nice et des Alpes maritimes au programme LGV n'a pas de sens. Qu'il fasse du chantage à la LGV, c'est un coup d'esbroufe".
Il est courant de dire que "c'est un peu l'hôpital qui se fout de la charité". Il me semble que, dans le cas présent, on n'est pas très loin d'un "c'est le roquefort qui dit au camembert tu pues". Car c'est évident, les deux comparses de l'UMP ont usé d'un même stratagème pour faire parler d'eux. Et vive l'opérette à deux voix !

24 décembre 2010

Et si on faisait une petite pause ?

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Allez, je crois qu'il est temps. Mais avant de passer en mode pause, voici encore un peu de prose. Du léger. Avec trois petits clins d'œil.
D'abord, avec le tableau de classements de mon blog portant sur l'activité du mois de novembre et édité par le site Wikio début décembre. Pourquoi le dissimuler, ces nouveaux chiffres ne me laissent pas insensible. Car c'est un peu comme si mon clavier tant mis à contribution se voyait octroyer un bien sympathique accessit.
Mais, cela ne fait pas tout. Aussi, m'en voudrais-je d'omettre de remercier encore tous les lecteurs réguliers ou de passage, et même les visiteurs parfois égarés, qui assurent au blog une audience quotidienne sans cesse croissante. Une progression qui s'explique sans doute aussi par la place plus large faite à des sujets débordant les limites du pays d'Aix.
Ensuite, avec cette brève du Ravi de décembre dont le titre m'a fait sourire.

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Enfin, petit retour en arrière de quelques jours avec ce billet caustique d'Alexandra Ducamp, qui a si bien résumé ce que je pense aussi fort qu'elle sur le niveau de ridicule franchi par certains élus.

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Voilà, maintenant, vous pouvez éteindre votre ordinateur et reprendre une activité normale… jusqu'au prochain billet.

9 décembre 2010

Jean-Claude Gaudin et ses vrais bons "ennamis"…

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Comme certains se gaussent des déclarations décalées ou des rivalités sournoises entre postulants socialistes au château élyséen ! Pourtant, la droite ferait mieux de mesurer la taille de sa propre poutre dans l'œil.
Au niveau national, est-ce vraiment signe d'unité parfaite que ces dissidences affichées ou souterraines, ces cacophonies permanentes à l'UMP, à ses flancs ou aux centres ? Et là, juste à côté de chez nous, à Marseille par exemple, comment peut-on croire un instant à une entente sans nuages, à un respect mutuel, bref, à un amour fou ?
La lecture de l'édito d'hier de Jean-Laurent Bernard sur France Bleu Provence fait bien le tour de la question. Les armes de l'ambition et de la trahison ne demandent qu'à parler. Jean-Claude Gaudin va devoir compter ses vrais bons "ennamis". Il est à craindre pour lui que d'ici trois ans les doigts d'une seule main ne suffiront plus.
Guy Teissier s'est déjà frité plusieurs fois avec lui sur divers sujets. Il pense depuis longtemps être son successeur naturel. Jean-Claude Gaudin le lui laisse croire malicieusement. Ne serait-ce que pour saboter les prétentions au beau fauteuil de maire d'un Renaud Muselier qui s'y rêve déjà installé au moins par mérite sinon par héritage. Aux élections régionales de 2004, ce dernier n'avait-il pas osé le slogan "Fils de Provence Alpes Côte d'Azur".
Impatient comme jamais, voilà qu'il récidive. "Aujourd'hui, après avoir connu trois tickets Gaudin-Muselier, des mandats locaux, nationaux et ministériels, je me positionne pour 2014. Car j'ai une compétence sur cette ville, j'ai construit un parcours qui me permettra de fabriquer une équipe et un projet." C'est ce qu'il déclarait il y a une dizaine de jours dans une interview pleine page de La Provence.
Plus cocasse, il ajoutait : "Jean-Claude Gaudin a raison de ne rien s'interdire et je l'aiderai dans tous ses choix. Mais, moi non plus, je ne m'interdis rien. Nous faisons équipe depuis 1995. Cela ne va pas commencer aujourd'hui." C'est à se demander s'il est naïf ou s'il le fait exprès car c'est plutôt mal parti pour lui.
Décidément, cette ville n'a pas un Vieux-Port tranquille.

P.S. 1 (cruauté des sigles) : Alexandre Guérini n'aime pas la prison
On le sait, Alexandre Guérini n'a pas envie de rester en prison. Son avocat a donc déposé une demande auprès de la cour d'appel d'Aix-en-Provence pour qu'on le remette en liberté. L'appel du placement en détention a donc été examiné mercredi par la chambre d'instruction. Le parquet a requis le maintien en détention. Il serait étonnant que la décision qui sera finalement rendue lundi soit favorable. Nouvelle attente.
P.S. 2 : Un élu UMP allume une autre mèche
Intéressante déclaration d'un membre de la commission d'appel d'offres de la communauté urbaine de Marseille… Bon, au moins celui-là, c'est sûr, ne rêve pas d'être un jour calife.

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10 décembre 2010

Le Ravi de décembre se déchaîne une fois de plus

une_ravi_80Mois après mois, Le Ravi y va régulièrement de ses informations approfondies.
Ce mois-ci, il livre une enquête complète de cinq pages sur l'extrême droite dans notre région. On aurait tort de ne pas s'y intéresser vu les risques que pourrait malheureusement encourager le climat social et politique ambiant.
Dans ce n° 80, le mensuel couvre aussi bien sûr dans un style très direct et sans langue de bois de très nombreux autres sujets avec articles, interviews, portraits, dessins, brèves et humour.

Sommaire du n° 80 de décembre (2,80€) :
http://www.leravi.org/spip.php?article1066
Le site du Ravi :

http://www.leravi.org/

Comme c'est le joli temps des cadeaux, il n'est jamais trop tard, n'est-ce pas, pour s'offrir un abonnement ou en offrir un à des êtres chers ou amis. C'est avec plaisir que je relaie ici l'appel de la rédaction pour soutenir le journal en s'abonnant.

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15 février 2011

Affaire des déchets : Au tour de Jean-Noël Guérini ?

guerini_armes_chasseUne cartouche après l'autre, si l'on peut dire. (Clic ci-contre)
C'est au tour du journal
Le Parisien de ce matin d'y aller d'une publication de bribes de phrases tirées de conversations sur écoute entre les frères Guérini (voir ci-dessous). Et là cela semble se compliquer un peu pour Jean-Noël. C'est sans doute ce que laissait déjà entendre Le Canard enchaîné de la semaine dernière (lire ci-dessous).
Alors qu'Eugène Caselli disait être "serein et déterminé" en présidant vendredi la séance du conseil de Marseille Provence Métropole, le même jour, était rejetée une nouvelle fois la demande de remise en liberté formulée par Alexandre Guérini, qui considère être "un prisonnier politique".
D'un côté, Renaud Muselier a continué à se distinguer en intervenant un peu seul sur les dysfonctionnements de MPM.
De l'autre, Laurence Vichnievsky a livré à La Provence et à Mediapart son appréciation sur le climat des affaires sur les marchés publics présumés truqués.
"Ce que je constate est que cette enquête a été l'occasion de mettre en lumière des réseaux d'influence dans l'attribution des postes au sein des collectivités publiques ou des organismes qu'elles gèrent et dans l'attribution des marchés. Cette affaire caractérise le clientélisme." Et d'ajouter: "Je voudrais une réaction des partis politiques et de leurs états-majors pour qu'ils ne se contentent pas de dénoncer leur adversaire et qu'ils mettent de l'ordre dans leurs propres troupes. Ensuite, que les électeurs réagissent, car c'est aussi à eux de faire le tri. […] J'ai aussi dit, et ça m'a été reproché, que cela ne me semble pas une bonne idée que Jean-Noël Guérini soit à nouveau élu président du conseil général des Bouches-du-Rhône."

(Clic sur l'image pour agrandir)
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Des écoutes compromettantes pour les frères Guérini

Des enregistrements téléphoniques montrent que Jean-Noël Guérini, président du conseil général des Bouches-du Rhône, serait intervenu en faveur de son frère Alexandre, un homme d’affaires actuellement écroué.
Depuis le début de l’instruction menée par le juge Charles Duchaine sur des marchés publics présumés frauduleux dans les Bouches-du-Rhône, le nom de Jean-Noël Guérini, président du conseil général (PS), n’apparaissait qu’en tant que frère d’Alexandre Guérini.
Ce dernier, chef d’entreprise spécialisé dans la collecte et le traitement des déchets a été mis en examen début décembre pour "abus de biens sociaux, détournement de biens publics, recel et blanchiment, corruption active et détention de munition", puis placé en détention.
Une redevance qui aurait été diminuée de moitié
Mais à travers des écoutes téléphoniques versées la semaine dernière au dossier du juge, et que Le Parisien - Aujourd’hui en France s’est procurées, le nom du président de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, la troisième de France, figure pour la première fois en tant qu’acteur.
Alors qu’il expliquait encore au mois de janvier, lors de ses vœux à la presse, "ne pas se mêler des affaires de son frère", ces écoutes réalisées à l’été 2009 par les gendarmes, montrent que le président élu est bien intervenu pour aider son frère. Tandis qu’Alexandre Guérini tente de faire nommer un de ses amis comme avocat de la communauté Agglopole Provence pour négocier plus facilement avec elle une baisse de redevance portant sur l’utilisation d’une décharge, il appelle d’abord des élus de l’institution. Il les somme de choisir l’avocat de son choix, puis, pour être sûr que le message est bien passé, Alexandre téléphone à Jean-Noël afin qu’il règle son dossier. Résultat, l’avocat voulu est nommé. Quant à la redevance d’Alexandre Guérini, elle aurait été diminuée de moitié.
Joint, hier soir, le cabinet de Jean-Noël Guérini nous a répondu "ne pas vouloir s’exprimer sur des écoutes dont nous n’avons pas connaissance et qui sont protégées par le secret d’une enquête judiciaire en cours". Du côté de la fédération socialiste de Marseille, quelques voix dénoncent une "manipulation politique" à la veille des élections cantonales des 20 et 27 mars.
Aujourd’hui, une employée de l’Opac, Antoinette Camilleri, est convoquée par le juge Duchaine. Soupçonnée d’avoir attribué des logements HLM aux proches d’Alexandre Guérini, elle pourrait être à son tour mise en examen.

« Ça y est, il m’a dit que le dossier était réglé »

Extrait d'une conversation entre Jean-Noël Guérini, président du conseil général des Bouches-du-Rhône, et son frère Alexandre
Le "schmilblick", comme l’appelle Alexandre Guérini, se noue au cœur d’un chaud été marseillais. Fin juillet 2009, le frère du président du conseil général Jean-Noël Guérini est furieux. L’homme d’affaires, qui dirige la SMA Vautubière, société chargée par l’Agglopole Provence (qui regroupe dix-sept communes dont Salon-de-Provence et Berre-l’Etang) d’exploiter la décharge de la Fare-des-Oliviers, juge la redevance reversée à l’agglo trop élevée.
Il se heurte alors au directeur général des services, Jean-Michel Rey, qui refuse de négocier à l’amiable une baisse du prix payé par Alexandre Guérini.
Les écoutes téléphoniques montrent qu’Alexandre Guérini s’est alors employé à faire désigner son ami Régis de Castelnau comme avocat de l’Agglopole Provence. C’est-à-dire comme représentant de la partie adverse…
Entre le 7 août et le 10 septembre 2009, il a multiplié les échanges avec des élus de l’Agglopole pour faire pression, jusqu’à ce son frère Jean-Noël Guérini règle le dossier et lui confirme de vive voix que le dossier "était réglé".
Extraits des écoutes téléphoniques.
7 AOÛT 2009. Alexandre Guérini appelle son avocat, Olivier Grimaldi.
Il lui expose son plan pour obtenir une baisse de sa redevance. "J’ai envie de leur faire prendre Castelnau, parce que Rey il veut pas", dit-il. Puis ensuite, "on négocie avec notre ami de Castelnau, tu as compris le schmilblick ?" Grimaldi acquiesce, mais les deux hommes craignent que les élus, connaissant la proximité entre Castelnau et l’homme d’affaires, refusent. "Il faut qu’on leur mette la pression dessus à ces enc…", conclut Alexandre, qui prévoit d’aller voir le maire de Berre, Serge Andréoni (PS), premier vice-président de l’Agglopole Provence et sénateur.
7 AOÛT PEU AVANT 20 HEURES. Alexandre Guérini appelle Régis de Castelnau.
Il commence par déplorer le manque de coopération du directeur général de l’Agglopole, alors même qu’il dit l’avoir "fait nommer administrateur territorial".
"Tu vas imprimer une pression politique pour que l’accord se fasse"
, ordonne ensuite le chef d’entreprise à celui qui doit devenir l’avocat de la partie adverse. Ce dernier n’y voit aucune objection.
3 SEPTEMBRE VERS 19 HEURES. Alexandre Guérini appelle le maire de Berre-l’Etang.
La conversation atteste que les élus ne sont guère difficiles à convaincre. "Il fera le choix que tu souhaitais pour défendre la chose", dit Serge Andréoni, le maire de Berre-l’Etang. "Il", c’est Michel Tonon, le maire de Salon-de-Provence et le président de l’Agglopole.
Si "schmilblick" semble prendre forme, Alexandre Guérini paraît pourtant redouter la décision finale des élus de l’agglomération.
10 SEPTEMBRE À 9 H 19. Alexandre Guérini appelle son frère Jean-Noël.
Il lui laisse ce message. "Je sais que tu reçois Tonon avec Serge en fin de matinée je pense, heu, essaye de prendre Serge à part, heu […] ouais, tu prends Serge à part deux secondes et tu lui dis : règle ce problème avec mon frère. Tu lui dis […] règle-moi ce problème avec mon frère, je compte sur toi. Tu lui dis que ça, hein, je t’embrasse".
10 SEPTEMBRE À 14 HEURES. Alexandre rappelle Jean-Noël Guérini.
Entre-temps, celui-ci a tenté de le joindre. "Bon, ben ça y est, je l’ai vu", lui explique Jean-Noël. Il m’a dit que c’était réglé, voilà ce qu’il m’a dit." Régis de Castelnau a finalement bien été nommé par l’Agglopole Provence pour se charger du dossier. D’abord portée devant le tribunal administratif, l’affaire s’est finalement réglée grâce à des négociations. La redevance payée par Alexandre Guérini qui s’élevait à un million d’euros par an aurait été rabaissée à 500 000 €.

Quand Alexandre voulait éviter des ennuis à Jean-Noël

Il existerait un volet "maison de retraite" au sein de l’instruction menée par le juge Charles Duchaine sur les marchés publics présumés frauduleux dans les Bouches-du-Rhône. Mais aucun marché précis n’a pour le moment été officiellement désigné.
Une conversation enregistrée par les gendarmes le 27 juillet 2009 à 11h48 entre Alexandre Guérini et Rémy Barges, le directeur de cabinet de Jean-Noël Guérini, montre le rôle considérable joué par le frère du président du conseil général des Bouches-du-Rhône dans une institution où il n’a jamais été élu :
Alexandre Guérini. "Dis-moi, il faudrait que tu te renseignes auprès de B., tu sais à la Ddass, là. (…) Il faudrait que tu te renseignes si l’entreprise Senior Santé a déposé un dossier de maison de retraite à La Ciotat.
Rémy Barges. D’accord.
A. G. Et s’ils l’ont déposé, il faut absolument pas leur donner l’autorisation parce que heu, c’est des mecs qui vont, qui vont emmerder Jean-Noël ça. D’accord.
R.B. Ok, je me renseigne et je te dis quoi.
Quelques minutes plus tard, nouveau coup de téléphone.
A.G. Ce serait bien qu’on regarde toutes les demandes qui ont été faites sur le territoire de La Ciotat.
R.B. Ok, je fais un point complet et je te dis quoi dans l’après-midi."

3 mars 2011

Le rapport Montebourg qui assassine la "Fédé PS 13"

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Joli éclat médiatique réalisé par Le Point. L'hebdomadaire a mis en ligne le rapport assassin d'Arnaud Montebourg sur les pratiques de la Fédération socialiste des Bouches-du-Rhône. Ce rapport rédigé en décembre avait été adressé à Martine Aubry qui avait assuré qu'elle ne l'avait pas reçu.
D'où un nouvel envoi doublé cette fois-ci d'une diffusion qui aurait dû demeurer confidentielle. Et qui évoque par là même et sans ambages les dysfonctionnements du Conseil général et le rôle omnipotent de Jean-Noël Guérini.
Beaucoup d'éléments cités dans le rapport sont connus, notamment dans notre région. Cependant, ce qui donne à ce document une force terrible, c'est, d'une part, l'alerte transmise en interne au parti socialiste, et d'autre part, la publication d'informations qui, par essence, n'auraient jamais dû fuiter par voie de presse. Mais voilà, maintenant au moins le silence est rompu et tout est devenu public.
On peut penser ce que l'on veut du personnage Arnaud Montebourg mais, jusqu'à plus ample informé, il est quand même bien le seul à avoir osé. Le texte de ce brûlot comporte de rudes constats mais aussi des préconisations pour remédier à "ces graves anomalies" comme il les nomme.
Dans mon billet de mercredi, je parlais de "silences qui en disent long". On a maintenant une compilation de faits qui étaient jusqu'à présent chuchotés quand ils n'étaient pas carrément occultés ou démentis. Voici donc le rapport intégral qui va créer une belle zizanie tant au niveau local qu'au niveau national.
Cela risque fort de provoquer des dégâts, sur le cours terme avec les cantonales dans quinze jours, sur le moyen terme avec les primaires et à plus long terme avec la présidentielle et les législatives. Mais tant pis. Surtout pour ceux qui n'ont aucun scrupule pour contrevenir à des conduites exemplaires.
A Aix, par exemple, qui ne se rappelle le coup de force qui a vu les trois sections socialistes être fusionnées en une seule contre l'avis d'une majorité de leurs militants ? Va-t-on aussi enfin savoir qui a été embauché ici par piston pour services rendus ou à rendre et qui a profité là de complaisances de toutes sortes pour une aide magouillée ? Chaque chose en son temps…

RAPPORT DE CONSTATATION SUR LES PRATIQUES
DE LA FEDERATION SOCIALISTE DES BOUCHES-DU-RHONE

La Fédération des Bouches-du-Rhône est historiquement connue pour faire l'objet de pratiques contestables qui ont déjà donné lieu dans le passé à de sérieuses remises en ordre : fausses cartes, trucage des scrutins, pressions sur les militants, utilisation des collectivités locales comme outil de compression du débat démocratique.
A la suite d'un voyage dans les Bouches-du-Rhône au mois de juin 2010, et particulièrement à Marseille, il m'a paru nécessaire de relater et de transcrire certaines pratiques incompatibles avec l'idéal socialiste et en infraction directe et frontale avec les statuts de notre parti.
Ce document confidentiel est destiné au Premier secrétariat du Parti Socialiste. Il a pour but d'alerter sur ces graves anomalies qui pourraient conduire à compromettre la direction du parti, si celle-ci ne donnait pas de suite à ce présent document, avec les pratiques les plus contestables de cette Fédération.
Un secrétaire national chargé de la Rénovation, placé dans la situation de devoir constater de telles pratiques est dans l'impossibilité morale et politique, non seulement de se taire mais de les taire à la direction politique de son parti, dès lors que le programme de rénovation initié avec l'aide de la direction issue de Congrès de Reims observe des objectifs sincères et authentiques.

1. Une démocratie pluraliste inexistante

Tout le système fédéral est construit autour de la domination du Conseil général sur le parti. Le Conseil général, machine à distribuer des postes d'élus ou d'employés, est utilisé comme instrument clientéliste, non pas aux fins de développer le parti, combattre la droite, faire rayonner nos valeurs et notre idéal, mais tout au contraire à asseoir sans partage le pouvoir de son président sur le parti, sur les autres collectivités locales, que ce soit l'agglomération marseillaise ou, jusques et y compris, la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
L'argent public y est notoirement utilisé pour faire pression sur les élus socialistes afin de s'assurer de leur soutien sans faille -pour ne pas dire leur docilité- quand il ne s'agit pas de leur silence, là où, au contraire, le parti qui est chargé de délivrer les investitures, devrait pouvoir organiser le débat et le contrôle des élus socialistes afin de discuter avec les militants, des orientations politiques de leurs grands élus. Le cabinet du président du Conseil général est ainsi devenu le lieu de contrôle de la vie militante dont l'essentiel de l'activité consiste à s'assurer la fidélité aveugle des responsables de sections ou des cadres fédéraux de notre parti.
Le Premier secrétaire fédéral, Eugène Caselli, a pendant plusieurs années été mis en quelque sorte sous le contrôle d'un des membres du cabinet du président du Conseil Général, lequel est devenu premier secrétaire délégué après le Congrès de Reims, dont il a dû être inséparablement flanqué.
On peut indiquer pour justice que si, pendant toutes ces années, la Fédération a cherché à exercer son légitime contrepoids à l'égard du Conseil général et de son président, néanmoins, le cabinet du Conseil général a toujours considéré la Fédération comme son apanage et son bien.

2. La violation des statuts et l'autoproclamation d'un «président» de Fédération

A l'issue du Congrès de Reims, le Premier secrétaire fédéral des Bouches-du-Rhône, Eugène Caselli, devenu, en 2008, président de la Communauté Urbaine Marseillaise, avait été reconduit, par le vote au suffrage universel, Premier secrétaire fédéral.
Considérant que ce contrôle politique du président du Conseil général était insuffisant sur la Fédération, notre camarade Jean-Noël Guérini s'est auto-proclamé président de la Fédération socialiste des Bouches du Rhône, un poste qui n'existe pas dans les statuts, au cours d'un Conseil fédéral réuni le 5 février 2010 à Marseille. Plusieurs secrétaires fédéraux ont témoigné que la salle était en majorité composée de personnes qui ne sont pas membres du Conseil fédéral et pour la plupart employées du Conseil général. Cette réunion, qui s'était tenue en l'absence de la plupart des élus importants du département, a conduit à «l'élection» d'un président de la Fédération après que notre camarade Eugène Caselli a décidé de démissionner subitement.
Cette prise de pouvoir sur le parti par le président du Conseil général constitue une violation caractérisée des statuts car la présidence d'une Fédération n'existe pas dans nos statuts. Le seul poste réglementaire est celui de président du Conseil fédéral qui est un poste assurant exclusivement les délibérations de l'organe délibérant du parti, le Conseil fédéral, et ne confère, de quelque manière que ce soit, aucune prérogative exécutive que les statuts réservent au Premier secrétaire fédéral ou par délégation aux secrétaires fédéraux. Pourtant, Jean-Noël Guérini se comporte en Premier secrétaire fédéral puisqu'il signe désormais les circulaires, disposant de pouvoirs qu'il ne peut pas exercer dans la légalité du parti.
Par ailleurs, un Premier secrétaire fédéral ne peut qu'être élu au suffrage universel des militants, ce que l'intéressé n'a jamais sollicité. Enfin, l'article 16-2 des statuts du Parti Socialiste dispose : «A l'échelon départemental, les fonctions de président du Conseil général sont incompatibles avec celles de Premier secrétaire fédéral». Ainsi, Jean Noël Guérini ne peut pas exercer les fonctions qu'il prétend aujourd'hui exercer. Il est en conséquence en situation d'usurpation de poste et de violation caractérisée de nos statuts qui devraient justifier sa destitution automatique par les instances nationales.

3. Un système de pression féodal reposant sur l'intimidation et la peur

logo_CG13Le contrôle sans limite de Jean-Noël Guérini sur le parti s’exerce par la mise en place systématique à la direction des sections marseillaises d'employés du Conseil général, substituant aux règles de pluralisme appartenant à la tradition du parti, celle d'un clientélisme féodal où la soumission et le culte du chef ont désormais cours : 13 des 18 secteurs marseillais sont directement contrôlés de cette façon.
Le poids acquis du Conseil Général sur le parti pèse extrêmement lourd sur les élus tant l’obtention des subventions pour des associations locales est malheureusement liée au degré de fidélité que les élus ont à l’égard du président. Ainsi, j'ai pu recueillir des témoignages relatant l'utilisation des moyens publics retirés ou attribués au gré des humeurs arbitraires du président, non pas en fonction de la pertinence des projets portés par les élus ou leurs partenaires associatifs, mais en fonction du degré d'allégeance ou de résistance au pouvoir exercé par ledit président du Conseil général : ainsi, régulièrement des conseillers généraux sont en disgrâce, puis en fonction de l’intérêt du moment, reviennent au premier plan, leurs moyens et les subventions qu'ils demandent sont restreintes, jusqu'à ce qu'ils fassent à nouveau allégeance.
Ce système de domination sans limite peut conduire aux dérives les plus graves dans l'usage de l'argent public, car il fait disparaître toute forme de contrôle politique ou administratif interne aux collectivités sur l'argent public, et peut conduire à la confusion entre l'exercice du pouvoir et l'appropriation personnelle de ce dernier. Ce système a d'ores et déjà conduit à des dérives particulièrement préoccupantes, qui ont amené le secrétariat national à la Rénovation à saisir d'initiative le Premier secrétariat en raison du risque pesant sur l'image nationale des socialistes à ne pas réagir : un élu résistant aux méthodes du président m'a fait part de faits de menaces physiques et d'intimidations de la part d'un homme armé se présentant comme défenseur des intérêts du président du Conseil général. Un haut fonctionnaire du Conseil général des Bouches-du-Rhône a expliqué à l'un de ses collègues et confident qu'il avait lui même été menacé ainsi que son épouse et ses enfants, parce qu'il avait refusé de suivre certaines procédures peu orthodoxes. A chaque fois ce sont des hommes apeurés qui s'expriment, ce point m'ayant sensiblement frappé.
C'est pourquoi j'ai pris en conscience de socialiste la décision de saisir la plus haute instance du parti afin qu'elle mette un terme à de si graves agissements incompatibles avec l'idéal et les valeurs socialistes. Depuis l'ouverture d'une information judiciaire sur les marchés publics passés dans les Bouches-du-Rhône, les pressions et les menaces sur les camarades se sont généralisées.
Le 17 mars 2010, au cours d'une réunion de groupe des élus PS, Jean-Noël Guérini affirma, en défiant la loi, disposer d'écoutes et de SMS démontrant que certains camarades l’auraient dénoncé dans les affaires politico-judiciaires en cours.
Ce 17 mars 2010 à l'invitation de la sénatrice Samia Ghali, à la mairie des 15e et 16e arrondissements de Marseille, s'est tenue cette réunion du groupe des élus socialistes du conseil municipal, que préside Patrick Mennucci. Ce dernier a appelé les élus un par un avec une mention de «présence obligatoire car Jean-Noël Guérini est là», alors qu'il venait de démissionner du conseil municipal pour cause de cumul des mandats, exerçant à l'occasion une ingérence manifeste dans les débats municipaux, lesquels auraient dû se dérouler indépendamment des intérêts du Conseil général et de son président.
Les débats s'éternisèrent, la séance durant plusieurs heures. Au moment où Eugène Caselli, président de la Communauté Urbaine de Marseille, rendait compte de la grève qui a paralysé une société chargée de la collecte des ordures, ISS, Jean-Noël Guérini, président du Conseil général, face à des élus stupéfaits, évoqua les lettres anonymes qui ont entraîné les investigations de la justice : "Je connais les responsables", lança-t-il. Puis, il s'en prit à ceux de nos camarades qu'il considérerait trop bavards avec la presse : "Je sais avec qui vous parlez, je sais quels journalistes vous voyez, j'ai même le texte de vos SMS...". Il évoqua également des relevés d'écoutes téléphoniques qu'il aurait en sa possession et accusa deux de nos camarades directement, François Noël Bernardi, le président de la commission des marchés de la Communauté Urbaine de Marseille et Patrick Mennucci, président du groupe «Faire Gagner Marseille» d'être actionnaires de Bakchich, le site d'information satirique qui a révélé l'existence de l'enquête sur les marchés publics.

4. Une Fédération hostile aux intérêts de la gauche durant les Elections Régionales

logo_PS_13_federationComme l’avait souligné le Président de Région, Michel Vauzelle, lors d’un Bureau national à l'issue des élections régionales de mars 2010, la campagne qu'il menait a été victime d’un boycott ouvert et public de la Fédération des Bouches-du-Rhône et du Conseil général, qui aurait pu être beaucoup plus dévastateur si Michel Vauzelle n’était pas aussi bien implanté dans la région PACA.
Le Premier secrétaire fédéral et ses représentants ne participaient que très rarement aux réunions de direction de campagne réunissant de manière hebdomadaire les Fédérations composant la région.
La Fédération des Bouches-du-Rhône n’a participé à aucune des actions de campagne, la direction de campagne s’appuyant uniquement sur les candidats des Bouches-du-Rhône et les quelques sections volontaires. Le Premier secrétaire fédéral ainsi que le président de la Fédération ont été très absents des différentes visites organisées pour le candidat.
Enfin la direction de campagne a eu les pires difficultés à régler les problèmes financiers liés à la campagne, la Fédération des Bouches-du-Rhône refusant de reverser la contribution des élus des Bouches-du-Rhône pour la campagne.
La même Fédération a boycotté le meeting de Michel Vauzelle, le 11 mars au Dock des suds. Jean-Noël Guérini et Eugène Caselli étaient absents et expliquèrent à la presse que : "Nous ne sommes pas allés à ce meeting parce qu'on n'était pas très content de ce qui s'était passé sur les listes". La volonté de nuisance était telle que des cars de militants ont même été décommandés au dernier moment sur ordre de la Fédération.

5. Une opposition molle à la droite locale et nationale au détriment du Parti

Chacun connaît l'entente notoire et quasi parfaite entre Jean-Claude Gaudin, le chef local de l'UMP, et Jean-Noël Guérini. Aucune position de nos camarades maires de Secteur (combat sur la création de garderies du soir dans les écoles, dans les investissements en matière de politique de la ville, sur l’importance de réhabiliter les équipements sportifs de proximité avant d’investir dans une patinoire, …) n’a été soutenue par Jean-Noël Guérini pour afficher nos différences de points de vue concernant la gestion d’une municipalité, comme s'il existait un partage des territoires entre le Conseil général et le Maire de Marseille.
Afin de protéger des équilibres à la communauté urbaine, la Fédération et le Conseil général tentèrent d’empêcher la création de sections nouvelles du Parti Socialiste comme à Saint-Victoret où nous avons une trentaine de militants qui ont été obligés de passer par le national pour pouvoir se constituer en section.

6. Une mise sous tutelle indispensable de la Fédération des Bouches-du-Rhône

Si la direction du parti n'a pas de compétence pour juger du bon respect de la loi républicaine par les dirigeants de la Fédération dans leur comportement à la tête de leur collectivité, ce qui revient exclusivement à la justice -heureusement saisie en l'espèce-, il n'en reste pas moins que celle-ci a une responsabilité particulière et directe en ne faisant pas cesser la douce tolérance à l'égard de pratiques qui nous déshonorent collectivement et rendent impossible l'adhésion à nos valeurs, nos projets et notre idéal. Je suggère au Premier secrétariat de saisir le Bureau National d'une mise sous tutelle de la Fédération emportant destitution de droit des dirigeants actuels de la Fédération des Bouches-du-Rhône. Le plus vite sera le mieux au vu des menaces judiciaires qui pèsent sur les intéressés. J'apporterai mon entier soutien aux initiatives de la Direction nationale pour mettre fin à ces dérives.
                                                                  Fait à Paris, le 8 décembre 2010.

7 mars 2011

Affaire Guérini : Qui est le juge Charles Duchaine ?

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Dessin de Oliv' paru dans Bakchich

Il est le grand secoueur de cocotier qui a provoqué le grabuge dans les entrelacs de l'affaire Alexandre Guérini. Il ne donne pas d'interview. Il ne s'exprime pas dans les journaux. Et sa tête n'est pas connue de tout le monde. Mais, vu les remous que crée chacune de ses décisions, on sent en lui la pugnacité de l'homme résolu à ne rien lâcher. Et il semble bien qu'il ait sa propre méthode pour avancer un pas après l'autre dans son enquête au long cours.
On finirait par l'admirer tant il paraît vouloir aller au bout de cette affaire et de bien d'autres pour rendre justice face à des conduites qui manquent d'exemplarité.
Il sait certainement que chaque étape franchie déclenchera inévitablement des réactions contradictoires. Avec, d'un côté, celles qui appprouvent qu'un juge ne faiblisse pas dans la recherche de la vérité. Et de l'autre, celles des protagonistes ou de leurs proches qui subissent ou craignent la contrainte de répondre de leurs délits présumés devant la loi. Avec l'affaire Guérini, tous les ingrédients sont là pour qu'un jour la littérature et/ou le cinéma s'en emparent. Alors, qui est donc ce juge Charles Duchaine ?
Voici le récit qu'a publié le magazine Les InRockuptibles la semaine dernière sous la signature du jeune et très brillant Xavier Monnier, ex-cofondateur de Bakchich.

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Le juge qui voulait nettoyer les ordures
2 mars 2011 par Xavier Monnier

Les entrepreneurs véreux et le détournement d'offres publiques, c'est sa spécialité. Depuis deux ans, Charles Duchaine fouille le marché des poubelles de Marseille, verrouillé par Alexandre Guérini, le frère du sénateur PS. Une affaire à la hauteur de son ambition.
A Marseille, même les résultats de l'OM passent au second plan. Les élus locaux s'angoissent et l'histoire remue la ville depuis deux ans : avant de quitter son poste après un septennat d'exercice, le juge d'instruction Charles Duchaine voudrait boucler la plus grande affaire des vingt dernières années, celle que le magistrat et ses gendarmes ont nommée "Guernica".
Le dossier concerne les marchés présumés truqués du département, et particulièrement du traitement des déchets, avec détournement d'offres publiques : il paraît aussi complexe que le chef-d'œuvre de Picasso. De grands noms, de Marseille à Paris, jusqu'à l'Elysée, affleurent au fil de la procédure. L'histoire s'enclenche après une lettre anonyme datée du 2 février 2009, qui dénonce des malversations présumées des frères Guérini, Alexandre et Jean-Noël, responsables du Parti socialiste marseillais des années 2000 et natifs de Calenzana, en Haute-Corse.
Jean-Noël est sénateur, président du conseil général, secrétaire de la fédération socialiste, le plus visible des deux. Alexandre, dit Alex, grande gueule et businessman, s'occupe, lui, du marché des ordures, pèse sur l'attribution des marchés publics, la bonne tenue du parti. On le soupçonne de relations avec des milieux louches. La lettre anonyme, neuf pages, dénonce un système qui oppresse la ville à cause de la passivité du monde politique, droite et gauche confondues. Il y a danger à se saisir de l'affaire vu ses dimensions politiques locales et nationales.
Le directeur de cabinet de Sarkozy, Christian Frémont, a officié comme préfet de la ville ; Bernard Squarcini, à la tête de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), comme préfet de police. Suez et Veolia possèdent de nombreux marchés dans la ville, que certains s'amusent à nommer 'Veolialand". Qu'importe. Duchaine, passionné de sports mécaniques, adore les frissons. Haute stature, le magistrat arrive toujours au palais à moto.
Il ouvre le dossier le 16 avril 2009. Le 27 avril, il trouve sur son bureau la retranscription d'une conversation entre Jean-Noël et Alexandre Guérini.
Jean-Noël : "… Il me dit bon, il me dit, l'enquête préliminaire sera ouverte. A mon avis, ça doit être pour les décharges, Alex.
Alexandre : Hé, qu'est-ce que tu veux que ce soit ?
Jean-Noël : Hum, mais de toute façon au bout de trois ans y a prescription, ils peuvent rien faire […]
Alexandre : Ouais, dis-moi… Euh… Demande le service que c'est quand même.
Jean-Noël : Oui, oui, demain, hein.
Alexandre : Avec précision, bien sûr, demain."
Traduction : Jean-Noël Guérini apprend à son frère Alexandre que la justice vient d'ouvrir une enquête contre eux à la suite d'un courrier anonyme.
Leur informateur se trouve alors à Madrid où Nicolas Sarkozy effectue une visite. A ses côtés, Renaud Muselier, député UMP de Marseille, alias "la dinde" ou "le docteur" dans les écoutes, que les frères soupçonnent d'avoir envoyé la lettre anonyme. Frédéric Péchenard, directeur général de la police nationale, Bernard Squarcini et un général de gendarmerie accompagnent aussi le président de la République.
A 48 ans, "Duduche", comme on le surnomme, est devenu un spécialiste des dossiers financiers complexes qui mélangent politiques, mafieux, entrepreneurs véreux et marchés publics. Un champ vaste, dense et bouillant que laboure le juge paysan. Et à Marseille, la terre est fertile. Entre influence corse, chaleur méditerranéenne et clientélisme atavique, les dossiers s'empilent. Le juge est devenu une curiosité de la ville.
En janvier 2008, déjà, il avait fait emprisonner Jean-Christophe Angélini, un élu corse, à la sortie d'un restaurant parisien où il déjeunait avec le "Squale", surnom de Bernard Squarcini. Quelques jours après, Eric-Marie de Ficquelmont, ami d'enfance de Frédéric Péchenard était arrêté puis relâché sans charge. Tout ce beau monde figurait dans le dossier de la SMS, une entreprise de sécurité montée par un ancien nationaliste, Antoine Nivaggioni, soupçonné d'avoir truqué des marchés publics. "Le juge n'est pas diplomate, sourit aujourd'hui un de ses collègues de l'instruction. Quand il tape, il tape." Ça agace en haut lieu.
A l'époque, Duchaine avait convoqué le personnel des RG pour audition : les renseignements généraux étaient soupçonnés d'avoir alerté Nivaggioni de l'avancée de l'enquête, et celui-ci avait disparu pendant dix-huit mois. Dans le bureau du juge, on trouvait alors des flics corses, réputés proches de Squarcini, et le futur préfet de police de l'île de Beauté, Jean-François Lelièvre. Ce genre de remue-ménage n'émeut guère le juge.
L'affaire Guérini n'arrange rien à sa réputation et à ses rapports avec Bernard Squarcini. Le 8 octobre 2009, sept mois après l'ouverture de l'enquête, Alexandre Guérini reçoit un texto de son avocat Olivier Grimaldi. "Le Squale' a dit que tout était écrasé et que des coups de fils avaient été passés."
Proche de Jean-Noël Guérini, avec qui il a effectué sa rééducation cardiaque, le directeur du renseignement Squarcini n'a vu que deux fois Alexandre, selon ce dernier. Mais en audition, l'avocat fait une drôle de déclaration : ''Alexandre Guérini était très inquiet au regard des articles de presse qui sortaient, je pense qu'il a essayé de s'informer auprès des services de M. Squarcini." Etrange, car le 8 octobre 2009, la presse n'a encore publié aucun article sur une instruction qui ne sera dévoilée que le 17 novembre suivant. Et le nom de Squarcini n'apparaît pas dans les écoutes. Pas de preuve, seulement un soupçon.

Duchaine aime les gros coups de filet, les enquêtes médiatiques
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Après les multiples révélations dans la presse sur ses discussions avec son frère Alexandre, Jean-Noël a porté plainte pour violation du secret de l'instruction.
"Nous avions déposé plainte le 6 février, précise son avocat Me Dominique Mattei, nous l'avons à nouveau fait en nous étonnant que notre première action n'ait eu aucun effet. Au moins la, une enquête préliminaire a été ouverte le 19 février, et confiée à la police judiciaire."
Or, Duchaine se trouve en mauvais termes avec les policiers. Un haut flic marseillais qui a bloqué l'une des enquêtes du juge est dans le collimateur de l'Inspection générale de la police (IGPN). Ce commissaire a des rapports un peu trop proches avec les malfrats de la région. De la porosité, comme on dit à Marseille. Il peste ostensiblement contre le magistrat dans les couloirs de l'Evêché, le commissariat central de Marseille.
"Il est presque impossible de dessaisir Duchaine", tempère un avocat impliqué dans le dossier. De toute façon, le parquet le soutient totalement. Le procureur de Marseille Jacques Dallest dit souvent "qu'il peut être caractériel, mais que s'il n'y avait que des juges comme lui, les affaires aboutiraient plus souvent".
Duchaine est un colérique et ne le cache pas. Bien des avocats ou des prévenus ont été témoins de ses sautes d'humeur ou ses coups de gueule contre les journalistes qui bénéficient des fuites… "C'est à cause de gens comme ça qu'on se retrouve avec des morts dans les dossiers", déclara-t-il un jour devant des avocats médusés.

Peut-on écarter Duchaine par une promotion ?
Le magistrat se montre assez honnête pour avouer que sa carrière ne le laisse pas insensible. Un avocat bien en cour à l'Elysée lui a proposé un poste dans le privé. Duchaine a refusé : "Franchement, s'ils veulent m'acheter, ils pourraient y mettre les moyens", a-t-il blagué devant un collègue parisien.
Duchaine espérait obtenir la direction de l'Agence de recouvrement des avoirs saisis et confisqués, qui sert à gérer les biens issus du grand banditisme. On la lui a refusée malgré une promesse et sa participation à la rédaction du texte de loi qui institue l'agence. "C'est un juriste fin, un professionnel foncièrement honnête, explique un avocat de la galaxie Guérini. Mais c'est un être complexe, dépité devant le manque de moyens de la justice et parfois ses lenteurs, ses dysfonctionnements."
On peut s'en rendre compte en lisant son livre titré Juge à Monaco (Michel Lafon). Charles Duchaine y raconte son expérience de magistrat détaché dans la principauté entre 1994 et 1999. Il parle de sa famille (marié, deux enfants), rend hommage à sa greffière, et se révolte contre la justice de classe, mais dévoile son goût pour les grands coups de filets, les enquêtes médiatiques qui parfois le rendent "excité comme un gamin". Mégalo ? "Non, aveuglé par le goût du résultat", dit ce même avocat.
A Monaco, il se fera fort de boucler la première enquête pour blanchiment avéré dans le micro-Etat. Ce sera sa seule satisfaction. Daniel Ducruet, l'ancien époux de la princesse Stéphanie de Monaco, le fera condamner pour diffamation à la parution du livre.
Cette volonté de sortir des affaires lui a valu une violente campagne de sa hiérarchie. Ironie de l'histoire, son ancien supérieur, Jean-Pierre Picca, est aujourd'hui le conseiller justice de Nicolas Sarkozy - et a donc un pouvoir sur la promotion des juges. Sur l'avenir de Duchaine, les paris sont ouverts. Quelle affaire va-t-il encore débusquer ? Quel homme politique va-t-il convoquer ? Et surtout, où va-t-il partir ?

18 février 2011

Mais qui donc veut tant de mal à Jean-Noël Guérini ?

guerini_caricatureHier soir, Jean-Noël Guérini a parlé. Beaucoup. Mais attention, surtout pas de méprise avec de quelconques aveux. Non, non, à Allauch, il s'est posé en victime : "je suis le coupable idéal". Et a surtout fait un long discours pour rassurer les militants socialistes. Ne répétant que ce qu'il a finalement déjà dit plusieurs fois, y compris qu'il téléphonait à son frère, qu'il allait porter plainte contre X (on n'est jamais trop défensif) pour violation et recel du secret de l'instruction et qu'il était prêt, le cas échéant, à être entendu par le juge, sa prestation n'a pas surpris.
Les attaques contre Renaud Muselier et Bruno Gilles, qu'il n'a pas nommés, ne sont pas non plus des nouveautés. Au milieu de tout ça, des témoins présents ont noté l'absence de Michel Vauzelle et d'Eugène Caselli. Aïe...

Le discours de Guérini à Allauch le 17 février :
http://www.jn-guerini.fr/wp-content/uploads/2011/02/17fev2011-jng.pdf

La semaine qui vient pourrait réserver des surprises sismiques. En attendant, voici quelques autres lectures stupéfiantes sur un personnage qui joue les fantômes.

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Le mystérieux informateur des frères Guérini
18 février 2011 par Violette Lazard

Des écoutes montrent que le président du conseil général des Bouches-du-Rhône était informé des avancées de l’enquête visant son frère Alexandre.
Il aura fallu une dizaine de jours à Jean-Noël Guérini, président (PS) du conseil général des Bouches-du-Rhône pour être informé qu’une enquête était ouverte au tribunal de Marseille concernant son frère. Alors que la lettre confiant au juge Charles Duchaine le soin d’ouvrir une instruction sur des marchés publics présumés frauduleux date du 16 avril, Jean-Noël Guérini est averti le 27 du même mois.
La presse n’a encore jamais évoqué l’affaire.
Pourtant, des écoutes téléphoniques, des relevés de SMS ainsi que des auditions que «le Parisien» et «Aujourd’hui en France» a pu consulter, montrent que l’élu a été averti par un mystérieux ami. Et que son frère, Alexandre Guérini, mis en examen et incarcéré depuis le début du mois de décembre dans le cadre de cette affaire, s’est également renseigné à plusieurs reprises sur l’avancée de l’enquête le concernant.
Un coup de fil de Madrid
Le lundi 27 avril, Alexandre Guérini appelle son frère à 13 heures. «Bon, il t’a appelé ton ami ?» s’enquiert-il. Jean-Noël lui répond :
 «Il (NDLR : l’ami) me dit : Faudra que je te voie rapidement parce que (...) le docteur cherche des poisses. On t’expliquera pour ton frère.» Les Guérini parlent alors tantôt en corse, tantôt en Français.
Le «docteur» qui cherche des «poisses» est Renaud Muselier (UMP), le dauphin de Jean-Claude Gaudin à la mairie de Marseille et médecin de profession.
Alexandre s’énerve, mais rassure son frère : «Je n’ai rien à me reprocher.» «Il va me rappeler, euh… dans l’après-midi s’il peut, de Madrid», ajoute mystérieusement le patron de la troisième fédération PS de France. Et il ajoute : «Tu es censé ne pas le savoir. Moi, je suis censé ne pas le savoir.»
Enfin, Jean-Noël Guérini conclut : «Je saurai tout demain. Dans les détails.» Le mystérieux informateur va effectivement rappeler Jean-Noël Guérini pour lui confier que «ça avance bien au ministère de la Justice» et que «l’enquête est lancée». Mais son nom n’est jamais prononcé.
«On peut cependant émettre quelques hypothèses, se risque une source proche du dossier. Car le 27 avril 2009 n’est pas un jour anodin… pour Madrid.»
 Nicolas Sarkozy est alors en visite officielle dans cette ville. Il est accompagné de dizaines de diplomates, hauts fonctionnaires, chefs d’entreprise. Dans cette délégation figure aussi «des grands responsables de la police car il a été question de terrorisme basque», poursuit cette source proche de l’affaire. Frédéric Péchenard, directeur général de la police, était par exemple présent. Ainsi que Bernard Squarcini, patron de la Direction centrale du renseignement intérieur, ancien préfet de Marseille, qui, à ce titre, connaît Jean-Noël Guérini.
Des SMS évoquant le Squale
L'échange de textos se déroule six mois plus tard, le 6 octobre 2009. L’enquête judiciaire a avancé et plusieurs journaux se sont emparés du sujet. Alexandre Guérini échange alors quelques troublants SMS avec Olivier Grimaldi, son avocat. «Le Squale a dit que tout était (mot incompréhensible) et que des coups de fil avaient été passés.»
Le Squale : le surnom de Bernard Squarcini.
«A qui il a dit ça ?», demande l’avocat. «A JCHP.» Soit Jean-Claude Hoang-Phu, responsable syndical Unité-Police-FO marseillais. A l’évocation de deux SMS, Olivier Grimaldi livre cette explication : «Seul Alexandre Guérini contacte les services de M. Squarcini pour se renseigner sur son affaire.» «Je ne sais rien de ce dossier et je ne veux rien savoir.»

Bernard Squarcini patron de la DCRI

Surnommé le Squale, Bernard Squarcini est cité par Alexandre Guérini dans des SMS comme étant une source d’informations sur son affaire judiciaire en cours. Le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur nie avoir informé les frères Guérini sur une affaire sur laquelle il n’avait aucun renseignement.
Quelles sont vos relations avec Jean-Noël Guérini ?
Bernard Squarcini
. J’ai passé trois ans et demi à Marseille en tant que préfet de police. Evidemment, je connais Jean-Noël Guérini.
L’avez-vous informé, lui ou son frère Alexandre Guérini, sur l’avancée de cette affaire en cours ?
Je n’ai appelé personne pour obtenir des informations sur cette affaire. C’est un dossier sur lequel je ne sais rien et je ne veux rien en savoir. Rappelons qu’il est mené par les gendarmes et non par la police. Je n’ai donc aucune information privilégiée qui pourrait être utile à qui que ce soit.
Comment expliquer l’existence de SMS faisant référence au Squale ?
Je ne l’explique pas. Je n’ai jamais donné d’informations. D’ailleurs, ces SMS sont échangés entre Alexandre Guérini et son avocat. Pas avec moi! On cite mon nom, on me fait donc dire des choses, mais c’est tout.
En avril 2007, un coup de téléphone est passé depuis Madrid, où vous étiez présent, pour informer Jean-Noël Guérini de l’avancée de l’enquête.
Ce n’est pas moi qui l’ai passé. Je peux même vous dire que lors de ce déplacement, je suis resté quasiment en permanence avec Renaud Muselier (NDLR: l’adversaire politique UMP de Jean-Noël Guérini qui était présent en tant que président du Conseil culturel de l’union pour la Méditerranée) !

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(Clic sur les images pour agrandir)

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22 février 2011

Affaire Guérini : Mais qu'en pense le parti socialiste ?

guerini_canardA chaque jour sa petite ou grande surprise. Hier, c'était l'annonce de la démission d'Alain Belviso de tous ses mandats électifs et principalement de la présidence de la Communauté d'agglomération du Pays d'Aubagne et de l'Etoile.
Mis en examen mi-janvier pour "détournement de fonds publics et complicité de détournement de biens publics", placé sous contrôle judiciaire levé un mois après, il avait repris sa fonction.
Or, dans une lettre rendue publique, il expliquait hier :
"Je souffre trop, je souffre tellement que j'en suis malade, de subir l'acharnement à mon égard et à l'égard de la Communauté d'agglomération (...) La présomption d'innocence comme le secret de l'instruction censés être garantis à toute personne soupçonnée par la justice, ont laissé la place à la mise au pilori médiatique, judiciaire, politique."
On peut le croire sur parole. Mais il doit bien avoir une responsabilité dans tout ça, sinon on ne voit pas pourquoi la justice cherche à comprendre ce qui s'est passé lors de l'acquisition du terrain et dans le cadre du marché de la décharge du Mentaure à La Ciotat.
Alain Belviso "était" un élu issu du PCF. Pour le reste des protagonistes de l'affaire Alexandre Guérini, ce sont surtout des membres du parti socialiste qui font la une. Et, au fait, que pense le PS de cette ambiance vinaigre ? Mediapart a fait un tour d'horizon…

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Affaire Guérini : le PS regarde-t-il ailleurs ?
18 février 2011 par Stéphane Alliès

De l'omerta en milieu socialiste. «L'affaire Guérini frère» qui agite en ce moment Marseille ne semble pas préoccuper outre mesure les dirigeants du PS. Alors que les investigations judiciaires laissent chaque jour apparaître la réalité d'un système clientéliste à grande échelle, la rue de Solférino ne souhaite pas en rajouter.
La preuve : Arnaud Montebourg, seul ténor à s'être exprimé sur la situation politico-judiciaire, affirme avoir remis en novembre un rapport à la direction du PS sur l'état de la fédération des Bouches-du-Rhône. Or «l'entourage direct de la première secrétaire a refusé ne serait-ce que d'accuser réception de ce rapport», explique le candidat socialiste aux primaires et secrétaire national à la rénovation socialiste.
Réponse de François Lamy, député de l'Essonne et conseiller spécial de Martine Aubry : «Montebourg m'a dit qu'il avait l'intention de faire un rapport, mais il ne m'a jamais rien remis. Et puis je me demande ce qu'il pourrait y avoir dedans. Il ne s'agit pas d'être seulement déclamatoire sur cette question...» Et Montebourg de répliquer : «Je confirme mes dires, mais s'il ne l'a plus, je vais le lui renvoyer.»
De son côté, Jean-Noël Guérini ne s'est pas départi de sa stratégie offensive, consistant à s'en prendre à la presse et aux fuites opportunes qui l'alimentent, à un mois des élections cantonales. Et ce, malgré la révélation par France-3 de nouvelles écoutes qui, contrairement à ce qu'il a toujours affirmé, laissent entendre qu'il était au courant de l'enquête en cours sur son frère Alexandre (entrepreneur spécialisé dans la collecte et le traitement des déchets), dès avril 2009.
Jusqu'ici, le président du conseil général des Bouches-du-Rhône a toujours bénéficié d'une grande mansuétude de la part de ses camarades hiérarques. Exemple, quand il s'est auto-proclamé «président» de la fédération, un titre qui n'existe normalement pas dans les statuts du PS, après avoir été élu premier fédéral bien que les mêmes statuts l'empêchent, et sans que Martine Aubry y trouve à redire.
Une mansuétude au niveau de la chape de plomb qui règne sur la vie interne locale, où aucune contestation n'est franchement tolérée et où seuls deux élus d'importance, le maire du 1er secteur de Marseille Patrick Mennucci et le député des quartiers Nord Henri Jibrayel, font figure de “non-alignés” dans la cité phocéenne, un statut qui les placardise autant qu'il entretient leur silence sur Guérini. Une première voix s'est exprimée localement : celle de Jean-Claude Bosher, militant dans la 7e section de Marseille, qui n'hésite pas à comparer le «guérinisme» à un «benalisme départemental».
Note : Toutes les personnes citées dans cet article ont été jointes ce vendredi par téléphone. Jean-Louis Bianco (proche de Ségolène Royal et président du conseil général et député des Alpes de Haute-Provence), ainsi que Vincent Peillon (soutien de Dominique Strauss-Kahn, ex-Royal, et eurodéputé de la région Sud-Est) n'ont pas répondu à mes appels, messages et textos. Renaud Muselier a été jointe par ma collègue Louise Fessard, qui suit les développements judiciaires de «l'affaire Guérini».

«La fédération est nickel»

PS_LargeChez les dirigeants nationaux du PS, les Bouches-du-Rhône sont souvent l'occasion de récits nombreux en “off”, toujours sur le ton de l'anecdote sympathique et «avé l'assent». Qui pour une négociation sous le signe de l'OM, afin d'obtenir au moins 10% à un congrès quand on ne vous en promet que 6%. Qui pour une soirée avec des jolies femmes au bord d'une piscine. Qui pour le récit du refus de s'opposer affirmé par un récalcitrant local, car «je ne suis pas une balance»... Mais au-delà des sourires et des pagnolades qui arrangent ceux qui n'aiment voir dans les Bouches-du-Rhône qu'une «spécificité bien particulière, sudiste quoi!», quid de la réprobation de fond ?
On pensait la trouver chez Razzy Hammadi, secrétaire national proche de Benoît Hamon et toulonnais d'origine. Mais non : «Il faut laisser la justice faire son travail, pour que soit établie la vérité. Je suis profondément choqué par ces fuites sciemment organisées.» Mais encore ? «Je n'ai rien à ajouter.»
Pour Renaud Muselier, l'un des chefs de file de l'UMP, qui n'a pu que constater l'habileté et le pouvoir d'influence de Guérini quand il perdit la présidence de la communauté urbaine de Marseille (alors que la droite était majoritaire), la raison est simple : «Martine Aubry a dealé les voix du PS des Bouches-du-Rhône en vue des primaires.» L'argument ne semble guère valable, puisque lesdites primaires seront ouvertes à qui veut et non plus aux seuls adhérents socialistes. S'il a pu expliquer la bienveillance de ceux que l'homme fort bucco-rhodanien a pu soutenir (notamment François Hollande à la tête du PS jusqu'en 2005, puis Ségolène Royal à la primaire présidentielle puis jusqu'au congrès de Reims en 2008), il ne tient plus forcément aujourd'hui.
«Les relations sont normalisées avec lui, car ils (à la “fédé”) n'aiment pas franchement être dans l'opposition au PS», explique un conseiller d'Aubry. «Mais on est très éloignés d'eux, et il semble quand même que Jean-Noël soit devenu un peu moins “violent” depuis quelque temps, dans ses relations avec les autres», confie-t-il, avant d'expliquer qu'«aucun dispositif particulier» n'a été imaginé à Solférino autour de «l'affaire Guérini».
Député proche de la première secrétaire, François Lamy minimise de son côté les péripéties actuellement rencontrées par l'un des plus emblématiques barons socialistes : «Ce qui doit nous préoccuper, c'est le lien entre le PS et une possible affaire. Or, peut-être qu'il y aura des problèmes d'affaires personnelles, mais quand on a pris la direction, les Bouches-du-Rhône ont fait l'objet d'un examen minutieux de notre expert-comptable, et la fédération est nickel.» Pour Lamy, il n'y a donc pas de «problème interne», et il estime devoir s'en tenir là. «On a beaucoup parlé de cette “fédé” et de son mode de fonctionnement assez particulier. Mais ça n'a rien à voir avec l'Hérault, où il y avait des dysfonctionnements de trésorerie et de cartes, estime-t-il. Après, qu'il y ait des familles entières ou des employés municipaux qui soient adhérents, ce n'est pas répréhensible en soi.»

28 février 2011

L'effarant système Guérini : Des liens avec la pègre…

guerini_lepointAvec un peu de patience, on finira bien par tout savoir. Quand on voit le séisme politique que Le Canard enchaîné a une fois de plus provoqué au sommet de l'Etat, il faut se réjouir que la presse aille mettre son bec dans tout ce qui barbote en eaux poisseuses. 
Le Point a publié mercredi un autre dossier de cinq pages sur l'affaire Guérini. Et ça y va ! Le magazine n'hésite pas à parler de "pègre locale", de "crime organisé" et de "gangsters". La veille de la parution, son auteur, Hervé Gattegno, répondait sur RMC aux questions de Jean-Jacques Bourdin. 

L'effarant système Guérini

L'enquête sur les marchés publics de l'agglomération marseillaise connaît de nouveaux développements - que vous révélez dans le Point. Elle dévoile des liens entre certains élus et la pègre locale. Pour vous, à Marseille, c'est la République qui est menacée.
Ce qui se passe dans la deuxième ville de France est particulièrement inquiétant. C'est une situation qui est plus proche des compromissions et des pratiques occultes du sud de l'Italie que des canons de l'éthique républicaine. Au départ, il y a des soupçons de malversations sur les marchés d'enlèvement des ordures et de traitement des déchets. En deux ans, l'enquête s'est élargie et Alexandre Guérini, le propre frère de Jean-Noël Guérini, le président du conseil général des Bouches-du-Rhône, l'un des hommes politiques les plus importants de cette région et le chef du PS marseillais, apparaît maintenant au centre d'un réseau qui intervenait sur de nombreuses décisions publiques dans les collectivités contrôlées par les socialistes : le département donc, et aussi la communauté urbaine de Marseille.
 
Donc c'est une énorme affaire de corruption. Pourquoi pensez-vous que ça va au-delà ?
Parce qu'il y a dans ce dossier des ingrédients qu'on croyait inimaginables depuis longtemps en France. D'abord, un pouvoir bâti sur la peur. Des fonctionnaires et même des élus témoignent qu'ils ont subi des pressions, des intimidations. Le président de la communauté urbaine de Marseille Eugène Caselli - qui a été placé en garde à vue au début du mois - a raconté qu'Alexandre Guérini installait un climat de menace, qu'il avait placé ses hommes aux postes clés pour intervenir sur les appels d'offres et qu'eux-mêmes avaient parfois peur pour leur sécurité. L'autre élément effarant, ce sont les connexions qui apparaissent avec le crime organisé. Avec par exemple des écoutes téléphoniques qui prouvent que des gangsters marseillais s'intéressaient aux autorisations des maisons de retraite, qui relevaient du conseil général. Et qu'on intervenait en leur faveur.
 
On va encore dire qu'à Marseille, ce sont des pratiques qui ont toujours existé... 
Justement, c'est bien ça qui est insupportable. C'est qu'il y a dans cette affaire une sorte de validation des clichés qui déshonorent la ville. Après les grèves à répétition qui en ont fait une ville économiquement sinistrée, Marseille a besoin de tout sauf de ça. Alors c'est vrai qu'il y a eu des précédents - toujours dans le Midi : Gaston Defferre traitait avec les voyous. À Nice, Jacques Médecin s'est appuyé jusqu'à la fin des années 80 sur des réseaux semi-mafieux. Et dans le Var, après l'assassinat de la députée Yann Piat, en 1994, une opération "mains propres" avait mis hors circuit une génération d'élus compromis. Il faudrait aujourd'hui des moyens similaires à Marseille. Donc une volonté politique. Pour l'instant, on ne la voit pas. Pas assez.
Vous voulez dire que l'enquête pourrait être étouffée ?
Étouffée non, mais ralentie, entravée. Privée de moyens. Et déconsidérée par la classe politique marseillaise - à une ou deux exceptions près. C'est vrai qu'on est en pleine campagne pour les cantonales, ce qui n'arrange rien. Et que Jean-Noël Guérini joue son maintien à la tête du département des Bouches-du-Rhône, ce qui n'est pas facile quand on a un frère en prison. Il est bien sûr présumé innocent, mais dans son intérêt - et dans celui de tous les Marseillais - il faudrait que le juge puisse l'entendre rapidement. Parce qu'il n'y a rien de pire qu'une enquête qui s'arrête à mi-chemin. Il faut maintenant que l'enquête aille jusqu'au bout. Qu'on sorte des suspicions - quitte à porter de vraies accusations. Et qu'on considère désormais qu'il ne s'agit plus d'une affaire marseillaise, mais d'une exigence nationale.

(Clic sur l'image pour agrandir)
Un autre article du Point lié aux affaires marseillaises
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